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Vers des politiques d'assimilation ambitieuses dans les quartiers dits "prioritaires"

  • Luc Delmont
  • 7 juil.
  • 8 min de lecture

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Que manque‑t‑il aux programmes de renouvellement urbain ?

Sortir de l’illusion d’une solution exclusivement architecturale et urbanistique

 


Les grands ensembles résidentiels édifiés entre les années 1950 et 1970 abritent aujourd’hui près de cinq millions de Français. Des décennies d’interventions publiques – de la politique de la ville aux vagues successives de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) – n’ont pas suffi à effacer leur image de cités‑dortoirs, ni à enrayer la concentration de pauvreté qui s’y est installée. Alors que le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) arrive à mi‑parcours, il est temps de se demander : que manque‑t‑il encore à ces programmes pour qu’ils répondent réellement aux attentes des habitants et métamorphosent durablement les quartiers ?

 

Les grands ensembles : genèse et héritage du modernisme


En 1945, la France compte plus de quatre millions de logements détruits ou insalubres. L’urgence est quantitative : construire vite et beaucoup. L’État lance le plan Courant, puis, en 1955, la politique des grands ensembles, recourant à la préfabrication lourde, à l’industrialisation du bâtiment et à la standardisation des plans types. Sarcelles devient la vitrine de cette stratégie : 10 000 logements édifiés en quelques années, quadruplant la population de la commune.


Le modèle s’inscrit dans la doctrine du Mouvement moderne : séparation des fonctions « habiter / travailler / loisirs / circuler », tours d’habitation espacées dans un parc, voiries hiérarchisées. Ces principes, cristallisés par la Charte d’Athènes (1933), influencent la planification des ZUP (Zones à urbaniser en priorité) de 1958 et des ZAD (Zones d’aménagement différé) de 1962.


Grâce à l’industrialisation, la France produit plus de 550 000 logements par an au début des années 1970 ; les grands ensembles logent 20 % de la population de 1975. Mais ces structures, pensées pour l’automobile et la standardisation, pâtissent vite de défauts urbanistiques, d’un déficit de services et de l’éloignement des bassins d’emploi – signes précurseurs de la crise urbaine à venir.


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À partir des années 1980, les grands ensembles concentrent chômage, précarité et tensions sociales. Les émeutes de Vénissieux (1981) puis celles de 2005 révèlent la profondeur du malaise. Les critiques pointent la monofonctionnalité de l’urbanisme moderniste, le manque d’urbanité (commerces, équipements) sont alors perçus comme les causes de ce mal être identitaire et communautaire.


ANRU 1 : le Programme national de rénovation urbaine (2004‑2021) : Créée par la loi Borloo de 2003, l’ANRU finance la démolition de barres, la reconstitution de l’offre (1 logement détruit = 1 reconstruit) et la requalification des espaces publics. Bilan : 164 400 logements démolis, 142 000 reconstruits, mais une mixité sociale limitée et une participation habitante jugée formelle.


Un second souffle a été initié en 2014, avec les programmes NPNRU (2014‑2030) : l’objectif étant cette fois ci de tenter de modifier en profondeur la composition sociale des quartiers, afin de retrouver un équilibre et tenter de casser les phénomènes de repli et « l’effet ghetto ». Doté de 14 milliards d’euros, le NPNRU cible 448 quartiers. Fin 2024, les deux tiers des opérations sont engagés, mais un risque de trésorerie apparaît et le Sénat souligne la lenteur des décaissements de l’État.


Un consensus critique semble émerger progressivement : les rapports parlementaires, associations et chercheurs dénoncent un dispositif trop techniciste, focalisé sur la performance énergétique et les ratios financiers, au détriment du tissu social. L’objectif de mixité est jugé « naïf », la participation des habitants insuffisante et souvent peu probante en termes de projets, et le coût carbone des démolitions inquiète.



Le renouvellement urbain (ici un exemple de "résidentialisation" amènent sans aucun doute des améliorations souhaitables mais restent insuffisants pour répondre aux principaux enjeux rencontrés dans les "quartiers prioritaires"
Le renouvellement urbain (ici un exemple de "résidentialisation" amènent sans aucun doute des améliorations souhaitables mais restent insuffisants pour répondre aux principaux enjeux rencontrés dans les "quartiers prioritaires"

 

Et si la solution n’était pas qu’une question de forme urbaine...


Depuis maintenant plusieurs décennies, les actions de politique de la ville sont vues quasi exclusivement sur l’angle du renouvellement urbain, c’est-à-dire de la transformation physique d’un type d’urbanisme qui a fait preuve de limites. Bien que cette critique des dogmes der l’urbanisme moderniste soit pertinente, les politiques de renouvellement urbain centrées sur les démolitions / reconstruction sont très couteuses (financièrement et écologiquement parlant) pour des résultats qui restent mitigés. Et si, pour des raisons parfois idéologiques, nous refusions de voir que le vivre ensemble n’est pas qu’une question de forme urbaine, mais d’éducation et de culture au sens large.

 

La sécurité : un préalable indispensable pour les habitants des quartiers prioritaires


Un espace public n’est fréquenté – donc vivant – que s’il est perçu comme sûr. Tous les intervenants de terrain du renouvellement urbain le confirment, ce que les habitants des quartiers dits « prioritaires » attendent c’est de pouvoir vivre normalement, c’est-à-dire de pouvoir vivre en sécurité, comme partout ailleurs. Cette demande ne devrait pas être prise comme une demande « sécuritaire » ou « de droite dure » comme on l’entend parfois mais comme un préalable, une condition de base du vivre ensemble. Ce sont avant tout les habitants précaires de ces quartiers qui souffrent des problématiques de sécurité.

 

Parmi les propositions de court-terme, des actions fortes devraient être mises en œuvre pour mettre un casser les effets négatifs de la « culture ghetto » qui domine auprès de la jeunesse de ces quartiers, et même au-delà :


  • Sortir de la culture de laxisme : mettre fin à la relative impunité judiciaire dès les premiers actes d’incivilités et de « petite délinquance » avant que ceux-ci ne mènent les jeunes vers la délinquance chronique. Généraliser l’application des peines de travaux de réparation afin que la punition joue réellement un rôle éducatif et préventif.

 

  • Améliorer les structures existantes de rééducation des mineurs délinquants : Tirer les conclusions des retours d’expérience afin de mieux adapter tous les dispositifs permettant de constituer des alternatives efficaces à la prison.

 

  • Restaurer l’autorité républicaine de proximité : Mise en place d’une forte présence policière de proximité dans les quartiers sensibles, en contact directe avec la population. Cela nécessite probablement la création d’unités spécialement formées et ayant une très bonne connaissance des problématiques, du contexte culturel particulier, ainsi qu’un sens civique et éducatif accru dans l’objectif d’avoir à la fois un rôle de répression lorsque nécessaire, mais aussi d’éducation civique de terrain auprès des enfants souvent laissés libres dans les espaces publics des quartiers.


Ces politiques "sécuritaires" seraient largement sollicitées par les habitants de ces quartiers, mais elles répondent à une partie de la problématique. Sur le long terme, seule une politique ambitieuse de relance de l'intégration par l'assimilation à une identité culturelle commune permettra d'intégrer pleinement et définitivement les "quartiers" dans la société française.


En parallèle à ce volet "répressif", un accompagnement éducatif s'avèrerait indispensable, par exemple sous la forme "d'écoles de citoyenneté". En soutien des missions de l’école publique de la république (qui est en charge de l’instruction, c’est-à-dire de la transmission des savoirs essentiels), ces écoles de la citoyenneté pourraient apporter un cadre éducatif spécifique et sur-mesure (sous la direction du ministère de l’intérieur plutôt que de l’éducation nationale) visant à assurer de la transmission des valeurs civiques fondamentales, qui, normalement, sont transmises par les parents.


En effet, dans ces quartiers où de nombreux parents sont démissionnaires, ou juste parfois débordés par des jeunes échappant à l’autorité, ce cadre éducatif aurait pour vocation à combler ce manque de repères éducatifs, pourtant essentiels au vivre ensemble.


Il pourrait s’agir d’un enseignement obligatoire dès le plus jeune âge, assurée de façon régulière (plusieurs heures par semaines au moins, adaptable selon les cas particuliers), pour s’assurer de la transmission des repères fondamentaux : apprentissage de la politesse, du respect d’autrui, des codes de bonne conduite en société, apprentissage des us et coutumes, des repères civiques, de la compassion et du respect d'autrui, etc.

 

L'importante de développer et promouvoir une culture commune intégratrice


Souvent issues d’une immigration récente, une grande part de la population des quartiers prioritaires sont coupés de la culture française historique qui est habituellement porté dans l’intimité de la sphère familiale, ces populations souvent mal intégrées ne connaissent généralement la France et sa culture que de façon très superficielle. La méconnaissance de la culture française populaire et la mauvaise maîtrise de ses codes sociaux, est un des principaux vecteurs aggravant l’exclusion communautaire, dans une logique de cercle vicieux : lorsque l’on ne partage pas le même socle culturel commun, on subit des discriminations, qui à leur tour alimentent l’isolement communautaire et la ségrégation spatiale, qui alimentent la non appropriation de la culture française, et ainsi de suite. Ceci a souvent pour conséquence de bloquer l’accès à une citoyenneté pleine et réelle, et de se trouver face à des situations de discrimination insolubles.


Nous ne pourrons sortir de ce cercle vicieux sans la mise en œuvre d’une stratégie très volontariste de réintégration de la culture française au cœur de quartiers « populaires », desquels elle a en grande partie disparu.


Lorsque l’on regarde les émeutes qui secouent violemment la France de façon récurrente, Il est généralement assumé que ces quartiers ne se vivent que dans le rejet de la France. Cette réalité existe, cependant, il existe aussi dans ces quartiers de véritables attentes pour une véritable présence de la France au sein de ces quartiers, y compris de la part de populations d’origine extra Européennes arrivées récemment dans le pays.


Depuis des décennies, seules réponses que l’on donne sont purement administratives, en évoquant la fameuse "intégration républicaine"'. Les contacts avec le peuple français historique se limitent souvent aux relations superficielles et parfois conflictuelles avec les services publics et institutions : police, pompiers, école, services sociaux, bailleurs sociaux.

Quant au tissu associatif, très présent dans les quartiers prioritaires, il présente généralement un marquage idéologique souvent affirmé à l’extrême gauche, qui tend à distiller un discours favorable au rejet des institutions et de l’identité nationale.


Des politiques volontaristes portées par l’état sont absolument nécessaires pour garantir un avenir cohérent à la nation française, pour éviter le « face à face » annoncé par Gérard Collomb. Celles-ci  devraient comporter à la fois un volet plus répressif, visant à rétablir sur le court terme l’ordre républicain nécessaire, et un volet sur le long terme, visant à relancer l’assimilation pour les générations futures.


Les programmes de renouvellement urbain ne peuvent plus se contenter de démolir, reconstruire et verdir. Ils doivent garantir la sécurité comme préalable indispensable à toute nouvelle action, mais surtout, en vue d’engager une réel processus d’intégration, de pouvoir offrir un récit culturel commun français, en insistant sur son ancrage latin et méditerranéen, auquel chacun, quelle que soit son origine, puisse accéder et faire pleinement partie avec fierté.






Des propositions pourraient être soumises à réflexion en ce sens


PROPOSITION 1 : Compléter l’offre éducative de l'école de la république par des « écoles de la citoyenneté » ayant pour objectif la transmission des fondements éducatifs et civiques dans les quartiers prioritaire.


En parallèle du de la mission de l’école publique de la république, (qui est en charge de l’instruction, c’est-à-dire de la transmission des savoirs essentiels) ces écoles de la citoyenneté pourraient prévoir un cadre éducatif spécifique et sur-mesure (sous la direction du ministère de l’intérieur plutôt que de l’éducation nationale) visant à assurer de la transmission des valeurs civiques fondamentales (qui normalement sont transmises par les parents).


En effet, dans ces quartiers où de nombreux parents sont démissionnaires ou juste parfois débordés par des jeunes échappant à l’autorité, ce cadre éducatif aurait pour vocation à combler ce manque de repères, repères pourtant essentiels au « vivre ensemble ».


Il pourrait s’agir d’un enseignement obligatoire dès le plus jeune âge, assurée de façon régulière (plusieurs heures par semaines au moins, adaptable selon les cas particuliers), pour s’assurer de la transmission des repères fondamentaux : apprentissage de la politesse, du respect d’autrui, des codes de bonne conduite en société, apprentissage des us et coutumes, des repères civiques, etc.

 

PROPOSITION 2 : Compléter les programmes généraux des écoles publiques situées en quartiers prioritaires avec au moins un journée complète dédiée à la transmission de la culture française.


L’objectif pourrait être de combler le décalage avec les enfants issus d’autres tranches de la société, pour lesquels la transmission des références culturelles nationales se fait naturellement dans le cadre familial. Ce décalage, qui n’est actuellement pas compensé par l’éducation nationale pour des raisons généralement idéologiques, est une des raisons principales pour lesquelles les jeunes issus de l’immigration extra européenne entrent souvent soit dans une logique de discrimination, soit dans une logique d’auto-ségrégation et de repli communautaire.


L’enseignement devrait pouvoir se faire de façon positive, exposant valorisant la culture française ainsi que les cultures régionales de façon attractive et concrète : Sur le terrain, par exemple sous formes d’ateliers découverte, de stages pratiques, de chantiers-écoles, de découverte de l’environnement naturel, des traditions gastronomiques, du patrimoine bâti, des fêtes populaires traditionnelles, etc. L’animation pourrait se faire de façon inter-générationnelle ou dans une logique de mixité, faisant participer des intervenants issus par exemple de la France dite des « territoires périphériques ». 


L’objectif étant de faire naitre et développer un amour et à attachement positif à notre pays et son héritage, dans des milieux qui n’y sont pas spontanément exposés de part leur contexte familial.


PROPOSITION 3 : programmes d’échanges longue durée pour sortir de la logique « ghetto » et découvrir la France :


Programme d’échanges d’un an de type « Erasmus » mais à l’intérieur de la France, d’écoliers issus de quartiers prioritaires : stages de plus ou moins longue durée de découverte de la vie rurale, activités de production agricoles, initiation à l’écologie et découverte du patrimoine culturel Français. Participation à des chantiers de restauration du patrimoine, actions de préservation de la nature, travaux agricoles, etc.


 

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