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Remettre en perspective le récit national pour sortir du cercle vicieux du communautarisme

  • Luc Delmont
  • 17 juin
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juin



Un enfermement identitaire auto-entretenu


La France est confrontée à un phénomène de fragmentation identitaire. De nombreux citoyens issus de l'immigration postcoloniale, évoluent dans un contexte de double marginalisation : rejet perçu ou réel de la société d'accueil d'une part, et enfermement dans un communautarisme généralement voulu comme « défensif » d'autre part.


Ce repli identitaire, souvent articulé autour de la religion ou de l'origine, devient un refuge face à une identité nationale perçue comme hostile, excluante, ou « appartenant à l’autre », générant du rejet.


En retour, une partie de la société française réagit par une réaction de crispation culturelle, voyant dans l’affirmation communautaire d’un partie très importante et rapidement croissante de sa population une menace pour l'idéal républicain et l’unité de la nation.


Ce cercle vicieux nourrit les incompréhensions, détériore la cohésion nationale et empêche l'émergence d'une appartenance commune.

 


Dépasser des modèles inefficaces


Le modèle républicain classique, en valorisant l'abstraction de l'individu citoyen, tend parfois à négliger les appartenances concrètes, les histoires particulières et l’identité collective et historique du pays.


Le modèle multiculturaliste, à l'inverse, enferme chacun dans sa différence sans projet commun. Une alternative réaliste et féconde réside dans l'assimilation culturelle par métissage : un processus dynamique d'échange et d'adhésion à une culture française commune revendiquant son enracinement dans le monde latin et méditerranéen.

 

La France, nation latine et méditerranéenne


L'identité française ne peut se réduire à une abstraction républicaine et encore moins à une origine génétique.


Elle est avant tout une culture, un imaginaire, un mode de vie, forgés par des siècles d'échanges, notamment en lien avec le bassin méditerranéen. La France partage avec ses voisins du sud un héritage romain, chrétien, humaniste et une approche génétiquement métissée de l’identité. Le fait qu’un Français « de souche » soit brun, blond, châtain, aux yeux bruns ou bleu, de peau plus ou moins mate ou claire n’est pas déterminant pour définir sa francité, la « diversité » existe déjà dans le peuple historique, et ce depuis des millénaires. Venir d’ailleurs ne devrait pas être un problème, ni dans un sens, ni dans l’autre car ce qui fait de nous des Français c’est notre héritage culturel latin aux racines méditerranéennes.


 Les influences grecques, arabes, berbères, juives, italiennes, catalanes ou andalouses ont été assimilées à sa culture bien au-delà des simples marges, dans un héritage pouvant être partagé par des Français originaires des deux rives de la Méditerranée.


Cette mémoire commune peut comprendre :


  • Des traditions culinaires, musicales, artisanales de part et d'autre de la Méditerranée

  • Une histoire partagée, depuis les migrations des agriculteurs du néolithique, l’imprégnation Greco-Romaine ou L’héritage Byzantin

  • Des figures emblématiques partagées entre les deux rives de la méditerranée comme Saint Augustin, Averroès, Montaigne, ou Camus


Reconnaître cette continuité historique permet d'insérer les nouvelles générations dans un récit français ouvert mais enraciné.

 

réinterpréter le mythe national à l’aune d’un regard culturel de l’identité


De la victoire de César sur Vercingetorix, le 19ème siècle a décidé de retenir une vision ethnique de l’identité française en proclamant que nos ancêtres seraient les Gaulois. Pourtant, c’est bien Rome qui a posé les fondations culturelles de ce qui allait devenir la France et non les Celtes.
De la victoire de César sur Vercingetorix, le 19ème siècle a décidé de retenir une vision ethnique de l’identité française en proclamant que nos ancêtres seraient les Gaulois. Pourtant, c’est bien Rome qui a posé les fondations culturelles de ce qui allait devenir la France et non les Celtes.

  • Passer d’une vision supposément ethnique ou génétique de l’identité collective de la France (le « nos ancêtres les Gaulois » à une identité collective culturelle fondée sur le développement d’une culture Romaine spécifique au territoire de ce qui deviendra la France.


  • Les Gaulois ne sont pas les ancêtres originels des Français : retour sur un mythe historique


    L’image des Gaulois comme « peuple d’origine » des Français est une construction politique relativement récente. Elle occulte une réalité historique bien plus complexe, marquée par une succession de peuples, de cultures et d’influences. Contrairement à une idée reçue, les Celtes (dont les Gaulois sont une branche) n’étaient pas autochtones à la Gaule, et leur héritage, aujourd’hui largement effacé, n’a pas structuré durablement l’identité française — contrairement à celui des Romains.


    Bien avant l’arrivée des Celtes, le territoire de la future France était habité par des populations sédentaires dès le Néolithique (à partir de 6000 av. J.-C.). Ces groupes pratiquaient l’agriculture, l’élevage et construisaient des monuments mégalithiques (dolmens, , tumuli), notamment en Bretagne, dans le Poitou, le Languedoc ou le Morbihan.On ne connaît pas précisément leur origine ethnique ou linguistique, mais ces sociétés sont liées à la grande vague de néolithisation venue du Proche-Orient via les Balkans et la Méditerranée. Elles ont ensuite évolué en contact avec d'autres groupes venus d’Europe centrale.


    Les sites comme Carnac ou Gavrinis témoignent d’une culture structurée, dotée de pratiques religieuses élaborées. Ces populations ont laissé peu de traces linguistiques ou génétiques identifiables directement, mais elles constituent l’un des plus anciens fonds humains du territoire.


    Les Ligures sont un autre peuple ancien, attesté dans le sud-est de la Gaule (actuelle Provence) avant l’arrivée des Celtes. Leur origine reste débattue : certains les rattachent aux populations pré-indo-européennes du bassin méditerranéen, d'autres les considèrent comme un mélange de populations indigènes néolithiques et d’influences indo-européennes précoces.Les Ligures furent en partie assimilés par les Celtes, puis par les Romains, mais ils ne constituent pas à proprement parler une culture fondatrice de la France, car ils ne laissèrent ni langue écrite ni institutions marquantes.


    Dans le sud-ouest (Aquitaine, Pyrénées, Languedoc), vivaient des peuples appelés Ibères, également pré-indo-européens, peut-être originaires du Maghreb ou du sud de la péninsule Ibérique. Leur culture, distincte de celle des Celtes, influencera plus tard les populations dites celtibères en Espagne. Ils pourraient être liés aux ancêtres des Basques, dont la langue (le euskara) est une survivance pré-indo-européenne unique.


    Les Celtes sont issus du monde indo-européen, dont l’origine probable est située dans les steppes du nord de la mer Noire (culture de Yamna, vers 3000 av. J.-C.). Les Celtes se sont diffusés depuis l’Europe centrale (cultures de Hallstatt, puis de La Tène) vers l’ouest de l’Europe entre 1200 et 500 av. J.-C.

    Ils arrivent en Gaule progressivement, parfois pacifiquement, parfois par la conquête, et supplantent ou absorbent les cultures préexistantes. Leur langue (gaulois), leur religion druidique et leur organisation tribale s’imposent alors à une grande partie du territoire, mais ils ne sont pas des autochtones : ils sont eux-mêmes des colonisateurs.


    La culture gauloise disparaît rapidement après la conquête romaine (52 av. J.-C.), orchestrée par Jules César. En quelques générations :


    • Le latin remplace le gaulois ;

    • Le droit romain, les municipalités, les routes, l’architecture urbaine et les rites religieux romains s’imposent ;

    • Le christianisme, d’origine orientale mais diffusé sous l’Empire romain, devient la religion dominante.


    Peu de traits culturels spécifiquement gaulois survivent à cette romanisation. Aujourd’hui, seuls quelques noms de lieux (Lugdunum pour Lyon, Durocortorum pour Reims), ou racines de mots, témoignent de leur passage. En revanche, la langue française, le droit, les institutions administratives et même les fondements de l’État trouvent leurs origines dans le monde romano-chrétien.


    La fameuse formule « nos ancêtres les Gaulois » est un mythe républicain, popularisé à la fin du XIXe siècle, notamment par les manuels scolaires de la Troisième République. Ce récit avait une fonction idéologique : créer un peuple unifié, au-delà des origines régionales, religieuses ou coloniales. Il permettait notamment d'intégrer les élèves d’Algérie ou d’outre-mer dans une identité nationale fictivement commune.



    Valoriser la culture classique de façon vivante


  • Réintroduire l'enseignement du latin et des humanités comme vecteurs d'une culture commune


  • Inclure dans les programmes les grands moments d'interaction méditerranéenne (Andalousie, croisades, Renaissance, colonisation)


  • Valoriser les auteurs issus de l'immigration ayant adopté et enrichi la langue et la pensée française, Créer des maisons de la culture méditerranéenne comme espaces d'échange, de création et de médiation


Retisser le lien national par l'assimilation active


  • L'assimilation ne doit plus être perçue comme un renoncement, mais comme une adhésion libre et valorisante


  • Offrir une culture commune attractive permet de dépasser les replis identitaires


  • Redonner des repères culturels partagés à une jeunesse en manque de sens

 

réconcilier héritage et avenir


Le récit latin et méditerranéen de la France permet de sortir du face-à-face stérile entre communautarisme religieux et crispation nationaliste.


Il propose un chemin d'assimilation ouvert, exigeant, séduisant et attractif. Une France latine, cultivée, chaleureuse et hospitalière peut redevenir une promesse universelle, à condition de retrouver le fil de son histoire longue, métissée et assumée.

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