Renouer avec l’héritage civilisationnel, contre toutes les formes de racialisme
- Luc Delmont
- 14 nov.
- 3 min de lecture
La France se trouve aujourd’hui prise en étau entre deux forces contraires mais jumelles : un ethnicisme nostalgique qui croit défendre l’unité nationale en la rétrécissant jusqu’à la caricature, et un racialisme communautariste qui prétend libérer les individus tout en les enfermant dans des catégories de naissance.
Ces deux visions, malgré leurs drapeaux présentés comme opposés, partagent une même erreur fondamentale : elles ramènent la société au biologique, au phénotype, à l’origine, comme si l’être humain était réductible à sa généalogie ou à son apparence.
Ce glissement vers la race est devenu si profond qu’il semble aujourd’hui aller de soi. Les uns parlent de l' « héritage » comme s’il s’agissait uniquement de chromosomes et de généalogie. Les autres invoquent des identités minoritaires comme s’il existait des « essences » raciales.
Dans les deux cas, l’individu disparaît derrière son groupe d’origine, la citoyenneté derrière l’assignation, et le commun derrière la fragmentation.
Le racialisme contemporain n’est pas l’héritier du combat antiraciste : il en est la négation absolue.
Là où l’antiracisme véritable voulait libérer l’individu de la race, le racialisme de l'antiracisme moderne veut l’y renfermer. Là où l’universalisme voulait transcender les origines, le communautarisme les sacralise. Là où la République voulait rassembler, on propose aujourd’hui une société d’archipels où chaque groupe vit à côté des autres, mais jamais avec eux.
Face à ces dérives symétriques, une question centrale s’impose : comment reconstruire un cadre commun qui échappe à la race sans nier la diversité réelle de la France contemporaine ?
La réponse se trouve dans notre histoire profonde, non pas dans une fiction ethnique, mais dans une civilisation. La France n’a jamais été une communauté raciale ; elle a été, et reste, une communauté civilisationnelle, façonnée par la langue latine, le droit romain, l’humanisme méditerranéen, les Lumières et la tradition républicaine.
Cet héritage n’exige aucune origine, aucune généalogie, aucune “pureté”. Il n’a jamais été fondé sur des critères biologiques : il repose sur la culture, l’éducation, la raison, la citoyenneté, l’universalité du droit. Il a permis l’assimilation de populations successives précisément parce qu’il ne repose pas sur la race, mais sur la transmission. C’est cette capacité à transformer la diversité en unité politique qui fit de la France un pays singulier en Europe.
La voie civilisationnelle latine offre donc une alternative claire au racialisme ambiant :
Elle refuse l’assignation : un individu n’est jamais enfermé dans son origine.
Elle refuse la fragmentation communautaire : ce qui nous unit dépasse nos différences.
Elle refuse l’ethnicisme : l’identité française n’a jamais été une affaire de sang.
Elle refuse le relativisme intégral : la République a un contenu, une histoire, des valeurs.
Elle défend l’universel là où les discours identitaires glorifient la particularité.
Affirmer cet héritage civilisationnel, ce n’est pas revenir en arrière, c’est au contraire s’opposer frontalement à la racialisation rampante de la société, à la tentation de se définir par la couleur ou par le clan.C’est dire qu’aucun Français n’est enfermé dans un destin racial, que la citoyenneté est un horizon ouvert, que la République vaut plus que les identités primaires, et que la culture peut unir là où la race divise.
Dans une époque où certains voient partout des “blancs”, des “noirs”, des “arabes”, des “dominants”, des “minoritaires”, il est urgent de rappeler une chose simple, presque scandaleuse dans le climat intellectuel actuel : la race n’existe pas comme principe politique. La civilisation, si.
Et la nôtre est latine, méditerranéenne, républicaine, universaliste. Elle peut encore unifier la France — à condition d’avoir le courage de la réaffirmer, face à tous les discours qui voudraient nous convaincre que la couleur de peau ou l’origine familiale valent plus que l’éducation, la langue, la citoyenneté et la culture.
Ne cédons pas au siècle de la race. Proposons un humanisme post-racial, fidèle à notre histoire et ouvert à notre avenir. C’est la seule voie pour réconcilier la France avec elle-même.



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