Nation, assimilation, laïcité, immigration…Quand la gauche française renie ses valeurs
- Luc Delmont
- 28 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Pendant des décennies, la gauche française a été le pilier d’un certain modèle républicain : un modèle d’intégration, d’universalisme, de souveraineté populaire. Mais ce socle, elle l’a peu à peu abandonné — parfois par lâcheté, parfois par idéalisme, souvent par conformisme, voir par peur.
Aujourd’hui, il est temps de nommer les choses : sur les questions fondamentales que sont la nation, l’assimilation, la laïcité et l’immigration, la gauche s’est perdue. Elle a trahi ses fondements pour se rendre compatible avec un monde globalisé qui détruit ce qui faisait la spécificité des valeurs de la gauche française.
La nation : un mot abandonné
La nation fut longtemps une idée de gauche.
La République, disait Jaurès, est la nation faite peuple. Elle unifie les citoyens, sans distinction d’origine, autour d’un projet commun.
Mais depuis une génération, la gauche culturelle et politique a troqué cette idée pour celle de post-nationalité : elle préfère s’imaginer citoyenne du monde, comme si, pour elle, le cadre national était devenu obsolète, ringard, toxique, fascisant…
Ce rejet de la nation a deux effets :
Il coupe la gauche du peuple, pour qui la nation est un cadre de protection et de continuité et il envoie les électeurs de gauche attachés à ces fondements vers d’autres horizons politiques…
Il la rend aveugle aux fractures que creuse une mondialisation sans repères communs.
Refuser de parler de la nation, c’est abandonner ceux qui n’ont que la République pour patrie.
L’assimilation : de l’idéal au tabou
L’assimilation fut la promesse offerte à tous : quelle que soit ton origine, si tu veux devenir français, tu peux le devenir pleinement. C’était l’attitude anti-raciste par excellence. Par l’école, la langue, la participation civique, la mémoire collective.
Aujourd’hui, le mot même est suspect. On le dit “violent”, “colonial”, “excluant”. Certains vont jusqu’à laisser se répandre l’idée que l’assimilation serait un marqueur de « l’extrême droite ». cette petite musique infuse la gauche depuis des décennies, en se radicalisant aujourd’hui.
Résultat : la gauche ne propose plus de chemin d’intégration fort. Elle se contente de célébrer une « diversité » qu’elle est incapable de préciser. De quelle diversité parle-t-on ? diversité des origines génétiques, des cultures, des modes de vie, des opinions politiques ou idéologiques ? Ce n’est pas forcément la même chose…
Sans plus se demander comment faire peuple commun.
Penser que scander des slogans flous, sans savoir réellement ce qu’ils peuvent bien signifier : évoquer l’inclusivité, la diversité, le vivre-ensemble, etc. ne suffit pas pour définir un projet de société cohérent.
Or, sans assimilation, quel vivre ensemble faire fonctionner ? que reste-t-il ?Des communautés parallèles, une société fragmentée, un affaiblissement du lien social.
La gauche a oublié que l’égalité suppose un effort de convergence, pas le repli sur les identités d’origine.
Laïcité : l’oubli d’un combat fondateur
La laïcité n’est pas une option. Elle est le cœur battant de la République : le droit de croire ou de ne pas croire, sans que la foi dicte la loi. Elle protège les consciences, en séparant radicalement le politique et le religieux.
Or, depuis vingt ans, une partie de la gauche, en particulier intellectuelle, a basculé dans une lecture communautariste des droits. Elle parle de “laïcité d’exclusion”, elle dénonce “l’islamophobie d’État”, elle cède à l’idée que la neutralité serait une violence.
Mais en abandonnant la laïcité stricte, la gauche abandonne les plus fragiles – les femmes, les enfants, les minorités dans les minorités – au pouvoir des clercs et des normes religieuses imposées. Aujourd’hui, paradoxalement ce sont les politiques et médias que la gauche aime qualifier de « réactionnaires » ou « d’extrême droite » qui défendent par exemple les mouvements des apostats… ou est la gauche ??
La gauche ne peut pas défendre les opprimés tout en renonçant à ce qui les libère.
Immigration : entre déni et désordre
Enfin, sur l’immigration, le constat est implacable. La gauche a déserté le terrain du réel. Elle n’a plus de vision de la société, plus de politique migratoire : elle n’a que des réflexes moraux, des slogans compassionnels, des automatismes pavloviens déconnectés des préoccupations des classes populaires.
Elle ne veut pas voir :
Que l’immigration massive non maîtrisée fragilise les solidarités.
Que l’asile dévoyé devient une filière économique favorisant le dumping social.
Que les classes populaires, et non les élites, paient le prix de l’inaction.
Elle préfère accuser ceux qui posent des questions légitimes de faire “le jeu de l’extrême droite” — au lieu de construire une réponse républicaine, ferme et humaine.
On ne défend pas la fraternité en niant la nécessité des frontières et en niant la légitimité de la continuité historique (surtout lorsqu’on l’accorde par ailleurs sans problème aux peuples non Européens…)
Une autre gauche est possible : républicaine, populaire, enracinée
Il est temps que la gauche française cesse de fuir ces débats. Il est temps qu’elle réconcilie le peuple et les principes, l’universalisme et la lucidité, l’accueil et la cohésion.
Cela ne passe pas par une soumission à la droite, mais, nous en sommes convaincus, par un retour à son héritage latin et républicain, pour un vivre ensemble réel, pas une cohabitation subie
Une laïcité sans concessions,
Une assimilation assumée,
Une immigration maîtrisée,
Une nation populaire, ouverte mais exigeante.
C’est sur ce chemin que la gauche redeviendra ce qu’elle fut : Une force de progrès enracinée dans le réel, capable de parler au peuple sans renier ses idéaux.



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