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Lyon et l'Italie

  • Luc Delmont
  • 25 nov.
  • 4 min de lecture

Lyon et l’Italie entretiennent une parenté ancienne et profonde qui se lit aussi bien dans l’histoire que dans la pierre. Lorsque l’on déambule dans les rues du Vieux Lyon ou que l’on observe les façades colorées qui s’étirent le long de la Saône, le touriste de passage peut avoir l’impression de se trouver quelque part entre le Piémont et la Lombardie.


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Ce lien, loin d’être une simple sensation esthétique, remonte aux origines mêmes de la ville. Fondée en 43 avant notre ère par le général romain Lucius Munatius Plancus, Lugdunum est dès le départ une colonie conçue sur un modèle urbain importé d’Italie, avec son plan orthogonal, son forum, ses voies rayonnantes et son organisation administrative entièrement calquée sur celles des villes de la péninsule.


En soi, ceci n’est pas unique, la plupart des villes de France ont été des villes Gallo-Romaine, mais pendant plusieurs siècles, Lyon a été la capitale des Trois Gaules, un centre politique et religieux majeur qui fonctionne comme une extension naturelle de Rome. En ce sens, on peut dire que Lyon naît littéralement dans le giron italien, comme une projection de l’Italie Romaine au cœur de la Gaule.


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Cette connexion se renforce considérablement à partir du Moyen Âge mais surtout à la Renaissance, lorsque les marchands, banquiers et artisans venus de Lombardie, de Toscane et de Ligurie affluent vers la ville.


Durant le XVe et le XVIe siècle, les grandes Foires de Lyon deviennent un rendez-vous européen où les familles italiennes jouent un rôle dominant. Les Médicis, les Gondi et d’autres maisons financières ouvrent des banques, structurent le commerce international et introduisent dans la ville un esprit humaniste, artistique et entrepreneurial typiquement italien.


La soierie lyonnaise, qui deviendra l’une des grandes signatures de la ville, bénéficie directement de leur savoir-faire. Les premiers maîtres de la soie viennent de Lucques, de Gênes ou de Florence, apportant avec eux des techniques, des métiers et une culture de l’excellence artisanale qui vont s’enraciner durablement dans les ateliers lyonnais.


Les imprimeurs italiens, comme les Giunta, laissent eux aussi une empreinte importante, contribuant à faire de Lyon l’un des grands centres du livre en Europe. Cette effervescence transforme profondément la ville, qui devient à la Renaissance un carrefour cosmopolite où l’influence italienne est partout palpable, des pratiques financières à l’organisation des corporations, des arts décoratifs à la vie intellectuelle.


Aujourd’hui encore, il suffit d’observer la ville pour percevoir ce fil rouge italien qui traverse les siècles.


Lyon possède une géographie qui évoque irrésistiblement les villes du Nord de l’Italie : deux collines qui encadrent une plaine urbaine, deux cours d’eau qui structurent les perspectives, un centre ancien dense et sinueux blotti au pied des pentes. Fourvière et la Croix-Rousse jouent un rôle comparable aux collines qui dominent Turin, Bergame ou Vérone, tandis que la Saône, avec ses quais resserrés et ses façades colorées, rappelle certains paysages de l’Adige ou du Pô.


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Le Vieux Lyon offre quant à lui un décor directement hérité des influences de la Renaissance italienne. Ses cours intérieures reliées par des galeries, ses escaliers à vis, ses loggias et ses façades aux teintes chaudes évoquent autant Florence que Bologne ou Gênes. Les traboules, ces passages secrets qui relient les immeubles entre eux, renforcent cette impression d’un urbanisme dense, inventif, parfois labyrinthique, très caractéristique des cités italiennes.


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Même la Presqu’île possède des accents piémontais, avec ses grandes places régulières, ses alignements de bâtiments classiques et ses perspectives ouvertes qui ne sont pas sans rappeler les quartiers planifiés de Turin au XVIIe siècle.


À tout cela s’ajoute une atmosphère particulière, faite de couleurs ocres, de nuances rouges et orangées, de murs à la chaux, de ruelles pavées qui captent la lumière dorée de la fin d’après-midi. Les ombres qui glissent sur les façades du Vieux Lyon ont quelque chose de familier pour qui a arpenté les rues de Vérone ou de Bergame.


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La lumière semble elle-même italienne, douce et légèrement chaude, en particulier lorsqu’elle se reflète sur la Saône et vient se poser sur les toits en tuiles. Cette ambiance, ajoutée aux héritages commerciaux, artistiques et culturels, explique pourquoi tant de visiteurs décrivent Lyon comme « la plus italienne des villes françaises ».


Aujourd’hui, Lyon n’est évidemment pas italienne. Mais elle porte en elle, profondément, une histoire façonnée par la péninsule, marquée plus directement encore que dans le reste du pays, Seul le comté de Nice et la Corse présente une « italianité » plus marquée.


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De sa naissance romaine à la Renaissance dominée par les marchands et artistes venus d’Italie, en passant par son architecture, sa géographie et ses couleurs, la ville entretient un dialogue constant avec l’autre côté des Alpes.


 C’est ce tissage de liens anciens et de parallèles contemporains qui donne à Lyon son caractère si singulier : une ville très française, oui, mais avec un parfum d’Italie du Nord qui flotte encore partout, des pentes de Fourvière aux rives de la Saône, et au-delà dans les territoires du Lyonnais, de Pérouges aux Pierres Dorées du Beaujolais…


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