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La romanité de la France ne repose pas que sur le français

  • Luc Delmont
  • 18 juil.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 juil.


Lorsque l’on pense à la France, on pense souvent à un pays ultra-centralisé, focalisé sur Paris et autour de la langue française, parlée partout à travers le pays. Ceci est vrai, et nous ne négligeons pas l'importance d'avoir ce lien national fort. Mais ce lien ne devrait pas devenir étouffant pour la diversité linguistique et culturelle du pays, car c'est sa diversité territoriale qui fait sa force.


Ce que l’on oublie souvent, c’est que la France abrite une incroyable diversité linguistique. Lorsque l'on parle de langues régionales, sont souvent évoquées les langues régionales non-latines, comme le Breton ou l'Alsacien, qui se démarquent fortement de la langue commune.


Mais nous semblons oublier souvent que la grande majorité des langues régionales sont issues du latin, tout en offrant une large diversité. Avant que le français ne devienne la langue officielle du royaume, de nombreuses autres langues latines étaient parlées à travers le territoire. Certaines existent encore aujourd'hui, et elles méritent d’être redécouvertes et revalorisées.



Pendant l'essentiel de son histoire, le français n'était qu'une langue latine de France parmi d'autres.


Le français s’est progressivement imposé comme la langue officielle de la France à travers un processus historique, politique et culturel étalé sur plusieurs siècles. À l’origine, la France médiévale était un territoire linguistiquement fragmenté, où coexistaient de nombreux dialectes issus du latin vulgaire, appelés les langues d’oïl au nord et les langues d’oc au sud, ainsi que des langues régionales comme le breton, le basque ou l’alsacien.


Le français, dérivé d’un dialecte d’oïl parlé autour de Paris (le francien), a commencé à gagner en prestige avec l’essor de la monarchie capétienne, dont le pouvoir était centré en Île-de-France. L’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée en 1539 par François Ier, marque un tournant décisif : elle impose l’usage du français dans les actes administratifs et juridiques, au détriment du latin, afin de rendre la justice plus compréhensible pour les sujets du roi. Cependant, ce n’est qu’avec la centralisation croissante de l’État à partir du XVIIe siècle, notamment sous Louis XIV, et le rôle de l’Académie française créée en 1635, que le français standard s’affirme comme instrument de pouvoir et de culture. Durant la Révolution française, la langue devient un outil de cohésion nationale, et des politiques d’uniformisation linguistique sont mises en œuvre pour éradiquer les langues régionales, perçues comme des obstacles à l’unité. Ce processus s’est poursuivi tout au long du XIXe et du XXe siècle, notamment par l’intermédiaire de l’école républicaine, jusqu’à ce que le français soit consacré comme seule langue officielle par la Constitution de 1958.


Tout cela n’a pas effacé les autres langues parlées dans les régions. Si aujourd’hui le français domine, il existe encore une multitude de langues latines, toutes issues du latin vulgaire et parlées autrefois dans des territoires bien distincts. Ces langues ne sont pas seulement des "vestiges du passé", elles font partie intégrante de notre patrimoine culturel et reflètent la diversité régionale de la France.



La richesse des langues latines en France : une fierté nationale à redécouvrir et préserver


Ces langues latines se divisent en plusieurs grands groupes, chacun ayant ses propres particularités et ses racines profondes dans l’histoire. On peut les classer en cinq familles principales : les langues d’oïl, les langues d’oc, le franco-provençal, le catalan et le corse.


Un véritable kaléidoscope linguistique

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Les langues d’oïl : l’origine du français moderne


Les langues d’oïl sont parlées principalement dans le nord de la France. Ce groupe comprend des langues comme le picard, le normand, le lorrain ou encore le wallon. Leur particularité ? Elles sont à l’origine du français moderne, qui a évolué à partir des formes régionales de ces langues. Le mot "oïl", qui signifie "oui" en vieil français, fait toute la différence avec l’occitan, où l’on disait "oc" pour dire la même chose.


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Les langues d’oc : un emblème du midi


Les langues d’oc sont, quant à elles, parlées dans le sud de la France. Par exemple, le provençal, le languedocien ou encore le gascon. Ces langues ont une histoire riche, en particulier au Moyen Âge, où l’occitan était la langue des troubadours, ces poètes et musiciens célèbres qui ont chanté l’amour et la beauté à travers l’Europe. Malheureusement, à partir du XIVe siècle, les langues d’oc ont peu à peu perdu du terrain face à l’avènement du français.


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Le franco-provençal : un pont entre la France, l'Italie du Nord et la Suisse


Le franco-provençal, ou arpitan, est une langue moins connue, mais tout aussi fascinante. Parlée dans les montagnes de Savoie, dans le Pays de Gex, et même en Suisse et en Italie, elle fait le lien entre le français et l’italien. Elle a des ressemblances avec les deux, mais reste un dialecte unique, avec ses propres sonorités et ses particularités grammaticales.


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Le catalan : une langue vivante des Pyrénées, un pont culturel vers l'Espagne


Bien que souvent associé à l'Espagne, nous oublions souvent que Le catalan est également une langue française… bien qu'il soit également parlé de l'autre côté des Pyrénées, dans la région autonome de Catalogne en Espagne, a une forte présence en France, notamment dans les Pyrénées-Orientales (le Roussillon). Cette langue est toujours très vivante dans cette région, avec une forte identité culturelle et un lien puissant avec la Catalogne voisine. Les Catalans du côté français n’hésitent pas à revendiquer leur langue et leur culture.


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Le corse : un pont avec Italie Toscane


Le corse, de son côté, est très très proche de l’italien, notamment du toscan. Il est toujours largement parlé en Corse, et a des racines profondes dans la culture italienne. Mais le corse n’est pas qu’un simple dialecte italien, il a évolué à sa manière, et conserve des spécificités qui le rendent unique. Le Corse du Sud, lui, s'inscrit dans une continuité dialectale avec le Nord de la Sardaigne (Gallurais).




Pourquoi il est crucial de préserver ces langues régionales ?


Aujourd’hui, ces langues, bien que parfois en danger, ont encore un rôle à jouer dans la société française. Au-delà de leur valeur historique, elles offrent une richesse culturelle et linguistique unique qui mérite d’être préservée et valorisée. Et ce n'est pas qu’une question de "tradition" : ces langues peuvent offrir une nouvelle dynamique pour l’avenir.



Une identité culturelle à préserver


Ces langues sont des témoins vivants de l’histoire de France. Elles incarnent des cultures régionales uniques, des traditions, des histoires et des modes de vie propres. En les préservant, nous conservons une part de notre diversité culturelle, qui fait la richesse de notre pays. C’est aussi un moyen de renouer avec nos racines, d’enrichir notre compréhension du passé et de maintenir vivantes des pratiques culturelles qui sont parfois oubliées.


Renforcer la diversité linguistique de la société


Apprendre une langue régionale, c’est aussi ouvrir la porte à une autre façon de penser. Cela développe des compétences linguistiques qui facilitent l’apprentissage d’autres langues, et surtout, cela nous fait apprécier la diversité des modes d’expression. La coexistence de plusieurs langues, loin de nuire, enrichit la société et ouvre des portes vers une meilleure compréhension des autres cultures.


Les chansons et la musique : une passerelle vivante entre les cultures


Une des meilleures manières de valoriser ces langues ? La musique ! Les chansons en occitan, catalan, corse ou franco-provençal sont des vecteurs puissants pour transmettre des émotions, des récits et des traditions. À travers des festivals, des concerts et des projets de musique contemporaine, ces langues peuvent trouver un nouveau souffle et insuffler une nouvelle vie à la culture populaire française, souvent tentée de chercher la nouveauté et l'inspiration dans une culture globale sans identité propre, en l'incorporant dans son temps.

La musique peut alors devient alors un moyen de faire revivre des langues anciennes tout en leur offrant un avenir dans le monde d’aujourd’hui et créer des ponts avec les autres pays latins.


Un pont avec les autres pays latins d’Europe


Les langues régionales de France, en particulier l’occitan, le catalan, le franco-provençal et le corse, ne sont pas seulement des trésors à conserver sur le sol français : elles peuvent aussi jouer un rôle clé dans les échanges culturels avec les pays voisins. L’occitan, le catalan et le corse, par exemple, facilitent les liens avec l’Espagne et l’Italie. En Catalogne, au Val d’Aran ou dans les régions frontalières des Alpes, ces langues trouvent des échos dans les dialectes voisins, renforçant les relations culturelles, mais aussi économiques. Ainsi, ces langues latines de France peuvent devenir des passerelles vivantes, des liens solides entre différents peuples et cultures.


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Il est grand temps de redonner à ces langues latines régionales la place qu'elles méritent. Elles ne sont pas des reliques du passé, mais des trésors vivants, capables d'enrichir notre culture contemporaine et de tisser des liens avec d'autres peuples européens. En valorisant ces langues à travers l’éducation, la musique et les arts, nous pouvons redonner une nouvelle impulsion à cette diversité linguistique. Le français est la langue officielle de la France, mais les autres langues latines du pays ont aussi un rôle à jouer dans le façonnement de la culture française de demain

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