Et si le renouveau de la France venait des territoires, des régions ?

les anciennes Provinces d'avant la révolution on profondément structuré l'identité des régions de France. Les régions actuelles, souvent perçues comme trop administratives, représentent parfois difficilement la réalité vécue des territoires. Bien que n'existant plus d'un point de vue administratif, de nombreux territoires continuent à s'identifier aux anciennes Provinces : Touraine, Berry, Dauphiné, Béarn, etc.

La France à la recherche d’un nouvel élan

La France traverse une période de doute. Dans un monde globalisé où les repères traditionnels s’estompent, l’idée d’une « francité » claire semble vaciller. Les grandes idéologies collectives se sont effondrées, la cohésion nationale s’effrite, et la centralisation parisienne, longtemps moteur d’unité, paraît désormais en décalage avec les réalités vécues dans les territoires. Pire, Paris étant dorénavant pleinement intégrée au monde des mégalopoles Mondialisées, le jacobinisme Parisien est aujourd'hui devenu un outil d'effacement de l'identité Française.

Paris, autrefois foyer intellectuel et culturel de la nation, est devenue une mégalopole mondialisée. Ses logiques, ses rythmes et ses références culturelles ressemblent davantage à ceux des capitales globales, notamment Anglo-saxonnes, qu’à ceux des villes et campagnes françaises. Ce Paris n’incarne plus l’âme de la nation ; il symbolise plutôt une France « hors-sol », déconnectée.

Et pourtant, la France demeure une tapisserie de territoires millénaires, porteurs de cultures vivantes et enracinées. Des paysages façonnés par des siècles d’agriculture, des cuisines régionales qui traduisent la relation intime des hommes à leur terroir, des architectures locales, des langues et des traditions qui racontent des histoires singulières. C’est dans cette diversité concrète et incarnée que se trouve aujourd’hui la clé d’une renaissance.

Faire renaître la France ne consiste plus à imposer un modèle uniforme depuis Paris, mais à puiser dans la vitalité des régions et territoires pour refonder une unité nationale nouvelle, fondée sur la reconnaissance et la mise en valeur des différences.

La France, une unité bâtie sur une diversité millénaire

Si la République s’est construite sur l’idée d’une nation une et indivisible, l’histoire longue révèle une réalité plus complexe. Des provinces du royaume médiéval aux régions annexées plus récemment, la France a toujours été constituée de territoires extrêmement diversifiés. S'en est même sa marque de fabrique, de la Bretagne à la Corse, de l'Auvergne à l'Alsace, du Pays Basque aux Flandres...

Cette diversité ne s’exprime pas seulement dans l’histoire politique, mais aussi dans le patrimoine matériel et immatériel : Les langues régionales (breton, basque, occitan, alsacien, corse, flamand) portent des univers symboliques et littéraires singuliers. Les architectures locales témoignent de rapports spécifiques aux environnements. Les cuisines et vins sont autant de cartes d’identité culturelles et de modes de vie particuliers, Les paysages façonnés par des siècles de pratiques agropastorales, comme les terrasses viticoles du Beaujolais ou les bocages normands, inscrivent dans la terre même l’empreinte des cultures.

Loin d’être de simples particularismes folkloriques, ces réalités constituent le socle d’une identité française plurielle et vivante.

Pourquoi un fédéralisme régional aujourd’hui ?

Trois raisons majeures poussent à envisager une recomposition fédérale :

1. Répondre à la mondialisation. Dans un univers où tout tend à s’uniformiser, les identités locales offrent un ancrage, une authenticité, une force de distinction. Elles sont une réponse à la dilution culturelle.

   
   

2. Réparer la fracture Paris/régions. La centralisation a produit un sentiment d’abandon dans de nombreux territoires. Rendre du pouvoir réel aux régions, c’est redonner aux habitants la possibilité d’être acteurs de leur destin.

   
   

3. Refonder la démocratie. En rapprochant la décision politique du citoyen, le fédéralisme recrée du lien de confiance. Les régions deviendraient non plus des exécutants de politiques nationales, mais des laboratoires vivants de la République.

   
   
   
   

Puiser dans les régions pour refonder la nation de demain

Il ne s’agit pas d’opposer Paris et les provinces, mais de reconnaître que l’avenir de la France se joue désormais dans la vitalité de ses territoires.

• C’est en Bretagne, par le renouveau de la langue bretonne et de sa culture maritime, que se réaffirme un sens collectif enraciné.

• C’est en Occitanie, par la redécouverte d’un patrimoine linguistique et musical, que renaît une mémoire populaire qui couvrait la moitié du territoire national...

• C’est en Alsace ou en Corse, par des revendications d’autonomie culturelle, que s’expérimente le rapport entre identité locale et unité nationale.

  
  

Chacun de ces espaces n’affaiblit pas la France, au contraire, il lui donne son sens et sa raison d'être. En reconnaissant leurs spécificités, on ne fragmente pas l’unité, on lui donne chair.

Une France fédérale dans l'Europe latine des régions

Recomposer la France sur des bases fédérales permettrait aussi de l’inscrire dans une dynamique européenne plus profonde. Dans une Europe latine des régions, la Bretagne dialoguerait avec la Galice, la Corse avec la Sardaigne, l’Occitanie avec la Catalogne.

Cette logique ouvrirait la voie à une coopération transnationale fondée non plus sur des États-nations rigides, mais sur des ensembles culturels cohérents. Une Union fédérale de l’Europe latine, regroupant les pays de culture romane, renforcerait encore cette dynamique.

Renaître par les territoires

La France ne peut se réinventer qu’en acceptant ce qu’elle est réellement : une mosaïque vivante de territoires et de cultures. Là où le centralisme jacobin a voulu imposer l’uniformité, le fédéralisme peut offrir un cadre où chaque région exprime sa spécificité, tout en contribuant à une unité nationale refondée.

Faire renaître la France, ce n’est pas revenir à un âge d’or idéalisé ni chercher une identité perdue dans les abstractions. C’est au contraire regarder vers l’avenir en s’appuyant sur les racines multiples des territoires. Dans les paysages, les cuisines, les langues, les traditions locales se trouvent les ressorts d’une identité nationale à réinventer.

Une telle France, puisant sa force dans ses régions, pourrait retrouver confiance en elle-même et redevenir un modèle : une nation-mosaïque, pleinement enracinée et pleinement ouverte.