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Et si la France devait cesser de ce penser comme « occidentale » ?

  • Luc Delmont
  • 4 août
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 août

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Ce titre pourrait à première vue sembler une provocation tellement la France est historiquement une pièce maitresse de l'Europe Occidentale depuis des siècles.


Cependant, le mot « Occident » revient aujourd’hui comme un réflexe. Il est invoqué pour justifier des choix diplomatiques, pour qualifier des menaces extérieures, ou pour rassembler des nations autour de « valeurs communes ». L’Occident serait un bloc, uni, cohérent, presque naturel. Et la France ? Évidemment incluse. Membre de l’OTAN, alliée des États-Unis, partenaire de l’Union européenne, défenseure des droits humains, elle serait occidentale par définition.


Mais est-ce si simple ? Rien n’est moins sûr. Car si l’on gratte un peu derrière ce mot aux contours flous, on découvre une réalité bien plus ambiguë.


Et surtout une question dérangeante mais nécessaire : la France appartient elle vraiment à l’Occident tel qu’on le définit aujourd’hui ?



Un mot, mille confusions


Commençons par le début. Qu’est-ce que l’Occident ? Pour certains, c’est une histoire millénaire : celle de Rome, du christianisme, de l’humanisme, de la rationalité et des Lumières. Pour d’autres, c’est un modèle de société moderne : celui des États-Unis, de la consommation de masse, du libéralisme économique et des droits individuels poussés à l’extrême. Entre les deux, il y a un gouffre. Et c’est dans ce gouffre que la France semble aujourd’hui tomber.


définition originelle de l'occident, suite à la division du bassin méditerranéen Romain en deux entités
définition originelle de l'occident, suite à la division du bassin méditerranéen Romain en deux entités

Car ce qu’on appelle aujourd’hui « l’Occident », dans le langage médiatico-politique, c’est avant tout le monde anglo-saxon, avec ses codes, ses normes, ses valeurs. L’anglais y est la langue dominante. La réussite y est individuelle, méritocratique et économique. La société y est libérale, flexible, décomplexée, parfois cynique. Les géants technologiques, la culture populaire, les standards universitaires, les débats sociétaux : tout, ou presque, vient de là.


Définition commune actuelle de la notion d'occident (définition de Samuel Huttington) : Nouveau Monde Anglo-Saxon (Amérique du nord, Australie) et pays d'Europe de l'ouest. On peux tout de même sérieusement se poser la question de savoir si cela a un sens réel de considérer que les pays d'Europe latine auraient plus à avoir avec l'Amérique du nord qu'avec l'Amérique latine...
Définition commune actuelle de la notion d'occident (définition de Samuel Huttington) : Nouveau Monde Anglo-Saxon (Amérique du nord, Australie) et pays d'Europe de l'ouest. On peux tout de même sérieusement se poser la question de savoir si cela a un sens réel de considérer que les pays d'Europe latine auraient plus à avoir avec l'Amérique du nord qu'avec l'Amérique latine...


La France, longtemps résistante


Et la France dans tout ça ? Elle fut longtemps méfiante. Le général de Gaulle avait une expression célèbre : « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Il ne voulait pas d’une Europe alignée sur Washington. Il retira la France du commandement intégré de l’OTAN, refusa la domination du dollar, affirmait que la France devait parler au monde en son nom propre.


Cette posture gaullienne, que certains appelaient arrogance, était en réalité la conscience aiguë d’une singularité française. La France n’était pas une province de l’Empire américain. Elle était un pays héritier de Rome, de la latinité, du catholicisme, de la République. Elle regardait vers le Sud, vers la Méditerranée. Elle défendait le bien commun, l’État, la culture, la langue. Elle croyait à l’universel, mais pas au modèle unique.


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Le grand basculement : Sarkozy, Hollande, Macron


Mais cette singularité s’est estompée. Depuis Nicolas Sarkozy, le ton a changé. Le retour dans l’OTAN en 2009 a symbolisé le début d’un réalignement stratégique. Puis est venue l’américanisation progressive de nos élites politiques, économiques et culturelles. François Hollande, puis Emmanuel Macron, ont prolongé ce mouvement : adoption de réformes économiques d’inspiration anglo-saxonne (flexibilité du travail, désengagement de l’État, start-up nation), alignement diplomatique sur les États-Unis, et surtout assimilation complète du logiciel culturel venu d’outre-Atlantique.


On a vu émerger en France les mêmes débats identitaires, les mêmes tensions communautaires, les mêmes références culturelles. Le français est devenu accessoire dans certains cercles d’influence. L’universalisme républicain est de plus en plus critiqué comme « dépassé ». L’idée même de nation est parfois tenue pour suspecte.


Sous prétexte que nous sommes « occidentaux », nous avons intériorisé l’idée que la culture américaine devait être la nôtre. Que ce qui se pense à Harvard, se dit à New York, ou s’écrit dans le New York Times devait devenir la norme ici. Mais à force de singer, la France s’éloigne d’elle-même.



Deux conceptions contradictoires de "l'occident"
Deux conceptions contradictoires de "l'occident"
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Ce que nous avons perdu : notre âme latine


Ce que nous avons laissé derrière, dans ce grand saut vers « l’Occident moderne », c’est l’âme latine de la France. Celle d’un pays méditerranéen, enraciné, humaniste, pétri de culture, soucieux du commun. Un pays où l’école transmet, où la langue élève, où la solidarité prime sur la réussite individuelle, où l’on débat avec passion de la vérité, du bien, du beau. Un pays dont l’identité ne se limite pas à sa capacité à coller à la dernière tendance venue de Californie.


Ce n’est pas du passéisme. C’est une vision du monde. Et une manière d’être dans le monde.



Un autre Occident est possible


Alors oui, la France est occidentale. Mais elle peut – elle doit – refuser de l’être au rabais. Elle peut revendiquer une autre définition de l’Occident. Celle de l’héritage gréco-romain. De la chrétienté latine. De la République sociale. De la culture comme socle. De la Méditerranée comme horizon.


Dans un monde multipolaire, fragmenté, incertain, la France ne peut pas se contenter de suivre. Elle doit proposer. Elle doit incarner une occidentalité alternative, fidèle à son histoire, à sa langue, à sa géographie. Ce ne serait pas un repli, mais une affirmation. Une manière de dire au monde : « Nous sommes occidentaux, oui, mais dans le sens originel du terme : héritiers de la civilisation latine qui a structuré l'ouest du bassin méditerranéen pendant des siècles.



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