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Une matrice pour penser l’assimilation : le rôle oublié du catholicisme

  • Luc Delmont
  • 1 juin
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 juin


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Le catholicisme, bien que déclinant sur le plan strictement religieux, continue de structurer en profondeur les cultures des pays latins : France, Espagne, Italie, Portugal, mais aussi une partie de l’Amérique latine.


Ce n’est pas seulement une affaire de foi, de sacrements ou de dogmes : c’est une manière d’être au monde, un rapport au temps, à la communauté, au pardon, à la fête, à l’autorité.


La tradition catholique a forgé des sociétés dont l’éthique diverge assez nettement du modèle « libéral anglo-saxon » qui structure aujourd’hui l’Europe : des sociétés où le collectif prime souvent sur l’individu, mais sans l’effacer ; des sociétés plus ou la règle est importante, mais peut être contournée — car la miséricorde, le pardon, la rédemption restent toujours possibles ; des sociétés laissant la place à la qualité de vie, ou le travail n’est pas une fin en soi, mais un moyen de vivre dignement — l’éthique économique n’y est pas culpabilisante ou productiviste, mais liée à la subsistance, à la solidarité, à une forme de charité implicite ; Le corps, la fête, le sacré, le symbolique ont droit de cité dans l’espace public, à travers les calendriers, les rituels, les lieux, le « vivre ensemble » véritable…


Cette “matière catholique” n’est pas une nostalgie : elle continue d’irriguer les structures mentales, même chez les non-croyants. Elle fait que l’on conçoit encore la vie comme un équilibre entre devoir et indulgence, entre loi et grâce, entre hiérarchie et familiarité.


C’est aussi ce qui explique, en partie, la difficulté d’adhésion au seul modèle républicain, perçu comme trop abstrait, trop désincarné, trop normatif. Car ce modèle est, en réalité, souvent imprégné de rationalisme technocratique ou d’austérité protestante qui heurte notre sensibilité latine.


Et c’est ici que se joue quelque chose d’essentiel pour l’avenir :


le catholicisme, en tant que matrice culturelle souple, peut offrir une passerelle d’intégration pour les populations venues de l’autre rive de la Méditerranée.


Car ces populations — majoritairement musulmanes — peuvent partager avec la tradition catholique une vision plus familiale et ancrée de la société (la famille, le clan, le village avant l’individu), Une culture du rituel, du sacré, de la mémoire, Un attachement à la transcendance et à l’idée que le monde matériel n’épuise pas le sens de la vie.


En somme, il existe des ponts anthropologiques puissants entre catholicisme culturel et la rive sud de la Méditerranée, qui rendent la “latinité catholique” plus proche de ces cultures aux racines culturelles orientale que ne le serait un modèle libéral anglo-saxon individualiste, ou une laïcité sèche, sans récit, sans coeur battant capable de susciter un attachement.


Cela ne veut pas dire qu’il faille abandonner l’idéal républicain ou renoncer à la neutralité de l’État.

Mais cela implique de reconnaître et réhabiliter les ressources d’un imaginaire catholique comme lieu d’accueil, de souplesse, d’incarnation de l’universel.


Non pas un retour à la religion d’État, mais une mise en valeur d’une culture du lien, du symbolique, de la charité, qui pourrait rendre l’assimilation plus humaine, plus douce, plus enracinée.


Plutôt que d’opposer les cultures, il serait temps de reconnaître que la Méditerranée a toujours été un lieu d’hybridations, et que le catholicisme culturel latin peut redevenir, pour La France, la matrice d’hospitalité qu’elle a toujours été

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