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Un brassage millénaire entre continent et méditerranée

  • Luc Delmont
  • 14 déc. 2021
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 juin


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Depuis le milieu des années 2010, la science génétique des populations a fait des avancées spectaculaires, notamment grâce aux progrès en matière d’analyse de l’ADN autosomal, couvrant l’ensemble du génome, contrairement aux études précédemment effectuées sur les seuls chromosomes X ou Y.


Depuis 2015 en particulier, l’augmentation du nombre d’analyses génétiques autosomales réalisées à partir d’ossements issus de populations anciennes ont permis de commencer à dessiner les grandes lignes des migrations humaines, notamment en ce qui concerne l’Europe, ou abondent les données.


Cette science naissance a d’ores et déjà permis de montrer que l’ensemble des populations Européennes sont constituées d’un mélange de seulement trois apports génétiques distincts :


1 - Les descendants des premiers homo-Sapiens à être entrés en Europe, tribus de chasseurs-cueilleurs originaires d’Afrique ayant migré vers l’Europe via le moyen orient il y a environ 40 000 ans. Aussi appelés Cro-Magnon, ces populations, menant un mode de vie nomade n’ont pas laissé de constructions, mais nous ont légué les premiers témoignages de d’art rupestre en France. Contre toute attente, les études génétiques récentes ont montré que ces populations de premiers Homo-Sapiens Européens possédaient des gènes relatifs à la peau foncée, et dans le même temps étaient tous porteurs de gènes relatifs aux yeux bleus.


2 - Les premiers agriculteurs Européens, comme nous l’avons vu dans le post précédent, sont originaires du Proche-Orient ou d’Anatolie. Ils ont été à l’origine des grandes vagues de migrations ayant apporté l’agriculture en Europe entre 9 000 et 5 000 ans avant JC. Ces peuples ont principalement suivi deux routes distinctes, l’une en direction de l’Europe centrale via la vallée du Danube, et l’autre le long de la mer méditerranée. Ces deux routes ont été à l’origine d’une déclinaison en deux cultures archéologiques distinctes: la culture cardiale et la culture rubanée (du nom du type de décorations sur poteries qu’elles ont développées).


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De par sa localisation particulière, la France, en tant que seul espace à la fois en contact avec l’Europe centrale et le bassin méditerranéen, a constitué dès cette époque un point de rencontre entre deux cultures distinctes qui se sont rencontrées au niveau de la Loire (marquant déjà à l’époque une ligne de démarcation naturelle et culturelle entre le centre et le sud du continent).


3 - Le troisième apport génétique ayant été constitué par les diverses vagues de migrations de peuples nomades pastoralistes issus de la culture dite « Yamnaya », originaires de la steppe Pontique. Ces, peuples, dont les migrations massives ont été mise en évidence grâce aux études génétiques récentes, se sont répandus dans toute l’Europe où ils se sont mélangés aux populations autochtones du néolithique. Cette dernière vague de migrations massives vers l’Europe a probablement été à l’origine de l’avènement des langues indo-Européennes, bien que ce point reste à l’heure actuelle sujet à discussion.


Contrairement à ce que certains ont tendance à penser, notre identité génétique n’est donc pas liée à un peuple unique, les Gaulois, dont nous serions les héritiers d’un point de vue génétique et identitaire ; Les Celtes n’étant ni les premiers à habiter notre territoire, ni les derniers à l’avoir envahi, et surtout, n’étant pas ceux qui ont été aux origines de notre identité culturelle.


L’héritage celtique a laissé des traces, mais il n’est qu’une strate parmi d’autres, qui ont été, avant ou après, bien plus importantes pour la formation de notre identité française.



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Lorsque l’on regarde les données génétiques aujourd’hui disponibles par la science, notamment l’institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine, nous voyons que le cocktail génétique de la population française dite « de souche » (analyses issues de personnes déclarant ne pas se connaitre d’ancêtres étrangers) est constitué, pour environ 55% en moyenne de génomes originaires de populations des premiers agriculteurs du néolithique. Ces populations, d’origines méditerranéenne, ont quitté le proche orient il y a environ 9000 ans pour s’établir en France via la route méditerranéenne ou Danubienne. Ce taux se situe à un niveau plus ou moins intermédiaire entre celui observé dans les populations de pays situés plus au sud (environ 75% en Espagne) et supérieur aux taux observés en Europe centrale et du nord (entre 10 et 40% en moyenne).


En reportant les données génétiques autosomales reportés sur un espace en deux dimensions il est aujourd’hui possible d’observer où les individus originaires de différents pays ont tendance à former des « clusters » plus ou moins compacts, plus ou moins dispersés, plus ou moins homogènes et différenciés.


Je ne pense pas que ce type d’analyses en soit ait un sens pour définir l’identité d’un peuple ou pour lui attribuer une étiquette « ethnique », mais il peut être riche d’enseignement pour comprendre comment le cocktail génétique spécifique de chaque pays ou chaque région s’est formé au fil des siècles.


Ce type de représentation peut notamment être très utile pour, au passage, mettre certains « mythes fondateurs » nationalistes à l’épreuve de la science.


Notamment, si nous partons de la représentation ci-dessous, ou chaque point représente un individu, nous sommes en mesure de représenter « l’étendue génétique » des différents peuples d’Europe. Si nous regardons ou se situe génétiquement le (ou les) clusters Français, nous remarquons qu’ils se situent clairement entre la péninsule ibérique et un cluster d’Europe du nord-ouest/Europe centrale (Belgique, Grande Bretagne, sud des Pays-Bas et sud-ouest de l’Allemagne).



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Nous remarquons aussi que ce cluster présente non seulement une position intermédiaire entre l’Europe nord-ouest/centrale, mais nous voyons aussi des « sous-clusters » régionaux présentant des divergences importantes. Certaines régions situées clairement plus proches du cluster ibérique et d’autres plus proches de l’Europe centrale ou l’Europe du nord-ouest.


Sur la carte génétique ci-dessus, ont été reportés les zones où se « focalisent » certaines populations de l’antiquité pré-Romaine, pour lesquelles du patrimoine génétique antique a pu être extrait à partir d’ossements : les Celtes du Hallstatt (foyer d’origine de la civilisation celtique) en bleu; les Latins de la Rome pré-impériale en orange; les populations « celtiques » de Grande Bretagne et les Vascons (peuple ibérique de langue non-indo-Européenne).


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Dans l’espace inclus dans les pointillés rouges se situent les différents « clusters » génétiques de l’espace de la France. Nous voyons que ces clusters français se situent dans le triangle délimité par le cluster des Celtes du Hallstatt (celtes issus du foyer originel de la civilisation celtique); le cluster Vascon et un cluster Romain du Lazio antique correspondant à l’Italie centrale d’aujourd’hui.


Ainsi, des éléments de la science génétique naissante peuvent aujourd'hui nous éclairer sur l’éthnogénèse du peuple Français dit "de souche", qui, ainsi serait probablement issu d’un métissage initial entre les anciennes populations du sud-ouest de l'Europe, dont les Basques actuels sont les héritiers linguistiques, et des populations d’Europe centrale.


Ainsi, d’un point de vue génétique nous ne pouvons pas dire que les français seraient descendants des Celtes. Nous le sommes partiellement, surtout au nord et à l’est du pays, mais comme cela a été évoqué plus haut, mais il semblerait qu’une grande part des origines génétiques du peuple français soit plutôt en lien avec des populations de type ibérique, et, dans une moindre mesure avec les populations antiques de la péninsule Italienne.


Les français sont issus d'un croisement entre peuples méditerranéens et continentaux.





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