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Réconcilier la gauche française avec ses racines latines et catholiques

  • Luc Delmont
  • 1 juil.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 juil.


Pour une renaissance du sens collectif de gauche face au mirage anglo-saxon de l’individu roi


le "culte de l´être suprême" instauré après la révolution, traduisait un sens du sacré et du collectif faisant écho, de façon laïque, a la culture catholique de la France
le "culte de l´être suprême" instauré après la révolution, traduisait un sens du sacré et du collectif faisant écho, de façon laïque, a la culture catholique de la France


Pendant des décennies, la gauche française s’est construite sur un double refus : celui du capitalisme libéral anglo-saxon et celui de la domination culturelle américaine.

Ce refus n’était pas un repli : il exprimait une autre idée de l’homme, du collectif, de la politique — un humanisme profondément enraciné dans la culture latine et catholique.

Aujourd’hui, cette gauche semble fascinée par les modèles qu’elle combattait autrefois, au prix d’un divorce avec son propre peuple. Et si c’était dans ses racines qu’elle retrouvait l’avenir ?


Le catholicisme : Une culture qui a façonné la France bien au-delà de la foi



Courbet, peintre du réalisme a su traduire dans ses scènes de vie de la France profonde la présence du catholicisme structurant la vie populaire
Courbet, peintre du réalisme a su traduire dans ses scènes de vie de la France profonde la présence du catholicisme structurant la vie populaire

Qu’on soit croyant ou non, on ne peut nier le fait que le catholicisme a façonné les fondations mentales, esthétiques et sociales de la France. Il a structuré notre rapport au temps (le dimanche chômé, les fêtes calendaires), à l’argent (péché d’usure), à la mort (rites collectifs), à la beauté (arts sacrés), à la parole (sermon, confession), à la famille et à la communauté.


C’est un catholicisme culturel plus que dogmatique, mais omniprésent. On y trouve la valorisation du pauvre, la centralité du collectif, le sens du don et de la transmission, la sacralisation de la fête populaire, le refus de l’individualisme absolu. C’est une vision du monde, non un dogme religieux.


Une gauche française, bien que s’en defendant, a toujours été enracinée dans cette matrice


Contrairement aux idées reçues, la gauche française n’a pas toujours été fondamentalement anti catholique, même dans sa version la plus radicale. Elle a longtemps puisé dans le catholicisme des ressources morales et symboliques puissantes. Jaurès en appelait aux Évangiles. L’Abbé Pierre fut une icône nationale. La République laïque elle-même s’est construite en réinterprétant des symboles chrétiens : la fraternité, la compassion, la rédemption sociale.


Le catholicisme culturel a aussi nourri le socialisme de combat, celui des syndicats chrétiens, des paysans catholiques de l’Ouest, ou des grandes figures politiques marquantes comme Jean Jaurès. Tous croyaient à un humanisme du lien, à une politique du bien collectif, et à une société fondée sur la dignité de chaque personne, héritage catholique avant de devenir républicain.



Quand la gauche avait encore un tropisme latin


Ce tropisme pour la culture latine, on le retrouve dans le regard que la gauche française portait autrefois vers le Sud : l’Espagne républicaine, l’Italie de Gramsci, l’Amérique latine des prêtres ouvriers et de la théologie de la libération.

Le monde latin y représentait un rapport charnel et collectif à la politique, un imaginaire fondé sur la parole, la fête, la terre, l’honneur, le rituel, où le sacré imprègne encore le quotidien.


Même Jean-Luc Mélenchon, au temps du Front de Gauche, assumait encore cette filiation : “la Méditerranée est le creuset d’un humanisme populaire contre les froides abstractions du Nord.”

L’Amérique latine etait encore vue comme un modèle d’assimilation et de métissage dans une identité partagée, en contre modèle au racialisme communautaire nord americain.


Ce lien, aussi émotionnel que philosophique, plaçait la gauche française dans une continuité culturelle profondement opposée a la matrice anglo-saxonne, fondée sur une vision holistique de l’humain.



L’américanisation idéologique de la gauche française


Depuis quelques années, la gauche française semble fascinée par les nouveaux paradigmes venus des États-Unis : racialisation du débat public, lutte des identités, dénonciation systématique des normes, obsession du langage, victimisation compétitive. Ce modèle, forgé dans un pays à l’histoire et à la sociologie très différentes, déconstruit tout ce que la gauche française a longtemps valorisé : l’universalisme, la laïcité, la communauté de destin.


C’est un renversement historique : la gauche française, jadis résistante à l’hégémonie culturelle américaine, s’en fait aujourd’hui la chambre d’écho. Exit l’exception culturelle, le commun républicain, le rapport sacré au collectif : place au relativisme des “identités”, à la performance victimaire, à l'individualisme roi masqué derrière des revendications communautaires.


Le peuple français ne suit pas. Il ne s’y reconnaît pas. Il se détourne. Et la gauche s’étonne

En 1999, démontage du Mac Donald's de Millau par José Bové et la confédération paysanne. incarnait un militantisme d'une gauche qui défendait encore à l'époque l'idée d'une résistance localiste à la globalisation
En 1999, démontage du Mac Donald's de Millau par José Bové et la confédération paysanne. incarnait un militantisme d'une gauche qui défendait encore à l'époque l'idée d'une résistance localiste à la globalisation


Redécouvrir un sacré laïc aux racines vivantes


Ce que cette gauche oublie, c’est que le peuple ne vit pas de “droits” mais de récits, de rites, de symboles. La politique a besoin de transcendance. De sacré. Ce sacré ne doit pas être nécessairement clérical ou théologique. Il peut être laïc, républicain, populaire. Mais il doit s’enraciner dans notre culture — et cette culture est façonnée, depuis des siècles, par le catholicisme.


Redécouvrir cette matrice, ce n’est pas revenir à l’Ancien Régime. Ce n’est pas être « réac » ou d’extrême droite… C’est revaloriser le sens du service, de la beauté, de la dignité, du lien, de la gratitude, de la fête, du pardon. Tout ce que la gauche française a longtemps porté, et pourrait porter à nouveau, dans un langage nouveau, accessible et unificateur.


La gauche française s’est longtemps définie par son refus du modèle libéral anglo-saxon. Elle portait une autre idée du monde : un humanisme chaud, populaire, enraciné dans la latinité, nourri de spiritualité laïque, attaché au sens plutôt qu’à la fonction. Aujourd’hui, elle renie ce socle et s’égare dans un mimétisme idéologique qui la coupe de sa base et de son histoire.


Il est encore temps de revenir à ce que nous sommes profondément : un peuple de culture catholique plus ou moins sécularisée, de tradition républicaine universaliste, de sensibilité populaire.

La gauche, si elle veut retrouver le peuple, doit se reconnecter à ce sacré discret mais vital qui habite notre culture.


Ce n’est qu’à ce prix qu’elle redeviendra une force de proposition et de rassemblement.

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