Repenser les relations entre nations latines : sortir de l’arrogance et des clichés
- Luc Delmont
- 25 juil.
- 3 min de lecture
"La nouvelle est tombée : En 2025, l’Italie a rattrapé la France en termes de PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat"

La France, dans le monde latin, traîne une réputation d’arrogance.
Une perception parfois exagérée, mais souvent alimentée par une posture implicite de supériorité, notamment vis-à-vis de ses voisins latins comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, et plus encore envers l’Amérique latine. Ce sentiment de hiérarchie culturelle et économique est non seulement injuste, mais aujourd’hui totalement infondé.
Cet article propose une double réflexion : d'abord sur les relations intra-européennes entre pays latins, ensuite sur les clichés persistants concernant l’Amérique latine. Il s’appuie sur des données économiques récentes pour remettre les pendules à l’heure.
L’Italie et l’Espagne ne sont pas des "petits cousins périphériques" de la France
Il est temps de cesser de considérer les autres pays latins européens comme des pays du Sud périphériques à « notre » Europe. En réalité, les niveaux de vie sont désormais très comparables.
Mieux encore : l’Italie a récemment rejoint, voire dépassé selon les sources la France en PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat, tandis que l’Espagne s’en rapproche rapidement. Pourtant, les habitudes persistent dans une certaine mentalité française à penser l'Espagne ou l'Italie comme éternellement moins "développés"

Données économiques (2024 – en PPA)
Pays | PIB/hab. PPA (USD) |
France | 54 465 |
Italie | 53 115 |
Espagne | ~55 000 (est.) |
Le système économique européen est aujourd’hui intégré. Les différences sont minimes.
Or, persister à traiter nos voisins du Sud comme des pays "latins folkloriques" revient à nourrir des divisions culturelles qui desservent la cohésion du bloc latin en Europe.
L’Amérique latine, pas une "arrière-cour" de l'Europe, terre sauvage en sous-développement permanent
Trop souvent, l’Amérique latine est vue à travers un prisme misérabiliste : pauvreté, instabilité, corruption. Pourtant, certaines économies latino-américaines rivalisent avec celles d’Europe tant en richesse globale qu’en niveau de vie.

Données 2024 (PIB/hab. PPA)
Pays | PIB/hab. PPA (USD) |
Argentine | 26 547 |
Mexique | 22 033 |
Brésil | 19 648 |
Colombie | ~18 500 |
Bulgarie 🇧🇬 | 30 900 |
Roumanie 🇷🇴 | 38 100 |
Des pays comme le Costa Rica ou le Chili affichent des niveaux proches ou supérieurs à certaines régions européennes.
Par ailleurs, l'Amérique latine est composée de très grands pays au poids économique majeur à l'échelle globale
Poids économique global
Pays | PIB total (nominal) |
Brésil | ~2,2 trillions USD |
Mexique | ~1,4 trillion USD |
Argentine | ~0,6 trillion USD |
Ces pays ne sont pas « pauvres » : ce sont des puissances économiques émergentes ou confirmées, avec un rôle stratégique dans le commerce mondial, les matières premières, les technologies et les énergies.
Dépasser les clichés pour rapprocher stratégiquement l'Europe et l'Amérique latin et défendre ensemble nos intérêts communs.
Le problème réside dans un biais culturel : dans le monde globalisé actuel, on associe souvent l'ensemble de l'Europe à l’Europe du Nord, anglo-saxonne ou germanique, et on pense l’Amérique latine comme une identité radicalement séparée, issue uniquement du métissage ou de la décolonisation.
Cela occulte le fondement même de l’identité latino-américaine : l’héritage européen latin et méditerranéen.
La fusion des cultures que les progressistes célèbrent à juste titre (métissage, syncrétisme, créolisation) n’existe que parce qu’il y avait un cadre civilisationnel pour permettre cette hybridation : les langues latines, le catholicisme, les structures familiales méditerranéennes, etc.
Pour une fraternité latine égalitaire
Les pays latins, des deux côtés de l’Atlantique, partagent un base civilisationnelle : celle de la latinité. Cette culture ne devrait pas être hiérarchisée selon des critères économiques dépassés ou des visions obsolètes de la modernité.
La France ne pourra jamais jouer un rôle moteur dans le monde latin si elle regarde ses partenaires avec condescendance. Le rapprochement euro-latinoaméricain doit reposer sur le respect, la reconnaissance mutuelle, la coopération égalitaire.
Conclusion
Repenser les relations franco-latines, c’est :
Sortir des vieux schémas hiérarchiques ;
Reconnaître l’évolution réelle des économies latines ;
Admettre que l’unité latine ne peut être construite sur des complexes ou des postures de supériorité.
Oui, l’Italie dépasse la France sur certains plans. Oui, le Mexique et le Brésil sont des puissances mondiales. Et non, la latinité n’est pas un folklore tropicalisé peu fiable.
C’est une civilisation vivante, diverse, transatlantique, pleinement moderne possédant des atouts majeurs pour face face aux défis du 21ème siècle



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