Pourquoi il est erroné – et dangereux – de nier l'existence des " français de souche"
- Luc Delmont
- 30 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 juil.

Récemment, Sandrine Rousseau a affirmé à l’Assemblée nationale qu’il n’existait plus, selon elle, de « Français de souche ».
Pour justifier cette déclaration, elle avance que nous serions tous le produit de multiples flux migratoires. Sous-entendu : comme chacun aurait un ancêtre venu d’ailleurs, plus personne ne pourrait se revendiquer comme étant « de souche », et ce serait, selon elle, « très bien ainsi ».
Cette affirmation, qui est fondée sur le temps long, la France ayant, comme la plupart des pays du monde, connu des séries de vagues migratoires anciennes, peut sembler raisonnable et séduisante dans sa volonté de critique d'une vision génétique et réductrice de l'identité nationale.
Cependant, ce type d'affirmations, que l'on entend régulièrement venant de la gauche radicale, repose sur plusieurs confusions historiques, culturelles et logiques. Pire encore, elle participe à entretenir une vision radicale et génétique de l'identité, et, sous couvert d’inclusivité, flirte avec le négationnisme culturel.
Examinons pourquoi :
Premièrement, avoir un ancêtre venu d’ailleurs ne fait pas disparaître l’enracinement
Dire que nous avons tous des ancêtres venant d'ailleurs est une vérité anthropologique, même si pour la plupart des français cela nécessite de faire référence à des migrations ayant eu lieu il y a très longtemps, depuis les migrations du néolithique en provenance du proche orient, les invasions celtiques de l'âge du bronze venant d'Europe centrale, la colonisation Grecque des côtes méditerranéennes au 1er millénaire avant JC, à la conquête Romaine ou les invasions germaniques du 5ème siècle. Depuis cette époque, et jusqu'à la fin du 19ème siècle, les mouvements migratoires ont été très limités.
Par ailleurs, reconnaitre qu'il y a eu des mélanges au cours des millénaires, ne signifie pas que les lignées familiales enracinées depuis des siècles en France n’existent plus. Un seul ancêtre étranger, il y a dix générations, représente moins de 0,1 % de notre bagage génétique. Cela n’annule en rien l’héritage familial, culturel et historique d’un individu ou d’une population.
Ce raisonnement revient à confondre métissage génétique et disparition identitaire. Or, des familles peuvent parfaitement avoir connu des mariages mixtes tout en restant enracinées dans une culture nationale, une langue, des traditions. L’histoire de France est d’ailleurs pleine de ces apports intégrés, digérés, assimilés.
Derrière cette posture qui s'affiche comme "progressiste"', se cache le racialisme Américain.
Ce type de raisonnement – selon lequel une seule origine étrangère suffirait à nier toute appartenance à une lignée nationale – s’inspire directement de la doctrine raciste du “one drop rule” appliquée aux États-Unis durant la ségrégation. Cette règle raciale stipulait qu’une seule goutte de « sang noir » suffisait à faire de vous un Noir, avec tout ce que cela impliquait socialement et juridiquement.
Ironiquement, une partie de la gauche française applique aujourd’hui cette logique inversée: si vous avez un ancêtre venu d’ailleurs, vous ne pouvez plus être considéré comme “de souche”. Il ne s’agit plus alors de faire société ensemble, mais de maintenir chaque individu dans une forme d’identité perpétuellement “autre”. Plutôt que d'inclure réellement ceux qui viennent d'ailleurs dans la nation française, une partie de la gauche préfère l'assignation identitaire à une rôle de minorité éternelle.
Ce qui définit un “Français de souche”, ce n’est pas la génétique seule, mais l'assimilation-métissage dans une identité commune.
Le terme “Français de souche” est souvent mal compris. Il ne désigne pas une supposée “pureté raciale” – concept absurde et dangereux – mais une forme d’enracinement historique et culturel sur le territoire français. Cela peut inclure des personnes issues de diverses origines, pourvu qu’elles aient fait souche : autrement dit, qu’elles aient adopté les codes culturels, linguistiques et sociaux de la France, et transmis cela sur plusieurs générations.
contrairement à ce que pense Sandrine Rousseau, être “de souche”, c’est avoir une continuité d’appartenance, pas une pureté de chromosomes.
Il est donc tout à fait possible d’être “Français de souche” en ayant un arrière-grand-père italien ou algérien si sa descendance s’est intégrée culturellement et s’est identifiée au peuple français. L’assimilation n’est pas un effacement des origines, mais une intégration au sein d’une communauté de destin. c'est le cas de millions de français.
Pourquoi souhaiter la disparition d’un peuple historique est une impasse
Dire que l’absence de “Français de souche” serait une bonne chose, c’est glisser dangereusement vers une forme de négation des droits des peuples autochtones — ce que la gauche dénonce pourtant dans d'autres contextes, et à juste titre.
En Nouvelle-Calédonie, par exemple, nier l’existence du peuple kanak et sa spécificité culturelle serait considéré comme un acte colonial. de même qu'appeler à déposséder le peuple Palestinien à pouvoir vivre sur ses terres ancestrales, ou nier l'existence de peuples Amérindiens. La gauche Canadienne a même institué des rappels, que les territoires du pays sont des "territoires autochtones non cédés" ...
Pourquoi appliquer une logique inverse en Europe ? Le peuple français lui aussi est le fruit d’une histoire, d’une langue, d’une mémoire, et d’un territoire, tout autant que les amérindiens. Pourquoi faudrait-il applaudir sa dilution voire sa disparition, alors qu’on la combat ailleurs ?
La diversité humaine repose sur l’existence de cultures enracinées, capables de s’ouvrir sans se nier. Une société qui renonce à son héritage culturel ne devient pas plus inclusive ; elle devient instable, sans colonne vertébrale.
Conclusion : faire souche, ce n’est pas exclure, c’est transmettre
L’identité française ne repose pas sur la génétique, mais sur l’assimilation, la langue, l’histoire partagée, les valeurs républicaines. Vouloir nier l’existence des Français de souche au motif que leurs lignées ne seraient pas “pures” est un contresens total – et un renversement de la tradition universaliste française.
Il est temps de sortir de cette logique de culpabilisation systématique et de revenir à une vision plus équilibrée : faire souche, ce n’est pas se fermer, c’est intégrer. Et préserver l’existence d’un peuple – qu’il soit kanak, breton, français de vieille souche ou créole – ce n’est pas du repli identitaire, c’est du respect pour la diversité humaine.



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