Pour un républicanisme habité : retrouver l’âme latine et méditerranéenne de la France
- Luc Delmont
- 1 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin

Pour un républicanisme habité : retrouver l’âme latine et méditerranéenne de la France
On dit souvent que la République française est devenue une coquille vide : des mots figés, des cérémonie officielles un peu mécaniques, un vocabulaire d’universalité qui ne fait plus vibrer personne, voire pire, qui est associé à la domination occidentale et à l’effacement ds cultures.
Mais peut-être est-ce parce qu’on a oublié que la République, pour vivre et prospérer, a besoin d’une sève, d’une âme, d’une mémoire symbolique, d’un imaginaire collectif habité. Et cet imaginaire, nous l’avons : il s’appelle Méditerranée.
La France républicaine ne sort pas de nulle part. Elle est l’héritière d’une double généalogie fondatrice : gréco-romaine et judéo-chrétienne.
De la cité grecque, elle tire l’idéal du débat, du logos, du citoyen libre engagé dans la vie publique.
De Rome, elle reçoit le sens du droit, de l’État, de la res publica — ce bien commun qui transcende les intérêts particuliers.
Du Proche Orient, christianisme, elle hérite par le christianisme la dignité universelle de la personne, l’intuition de la fraternité humaine, et l’idée qu’il existe une vérité morale supérieure aux lois des puissants, et l’ouverture à un imaginaire spirituel et symbolique oriental.
Même la laïcité à la française — si souvent caricaturée comme un rejet du religieux — est une invention chrétienne sécularisée : la séparation du spirituel et du temporel, déjà esquissée par le “rendez à César…” évangélique, fut reprise, déplacée, mise en scène par la République, mais dans une continuité de forme et d’ambition.
Ce n’est pas trahir la laïcité que de dire : la République doit avoir a une âme. Elle est née dans un sol symbolique riche — où le droit romain, les figures antiques, les cathédrales et les évangiles ont laissé des traces.
Ce n’est pas être « fermé aux autres » que de dire que la république doit possèder une identité, un ancrage historique et civilisationnel. Au contraire, avoir un socle commun est la condition sin qua non pour que l’on puisse « accueillir l’autre ».
Ce sol commun, c’est l’imaginaire méditerranéen, ce bassin où l’on parlait grec, latin ou hébreu, et plus tard arabe, mais où l’on partageait une même vision du monde : l’humain n’est pas qu’un corps, il est porteur d’une dignité, d’un héritage civilisationnel, et le politique est un lieu de sens, pas seulement de gestion technique.
Ce n’est donc pas un retour au religieux que nous appelons, mais un réenracinement symbolique. La République ne doit pas s’opposer à la transcendance : elle doit en proposer une forme immanente, civique, accessible à tous. Le drapeau tricolore n’est pas un chiffon ; il peut être un voile de sens. La devise “Liberté, Égalité, Fraternité” n’est pas qu’un slogan moderne ; elle peut être un catéchisme laïque, si elle est habitée de mémoire profondément ancrée dans notre histoire méditerranéenne.
Alors, peut-être, la République cessera d’être défensive, abstraite, désincarnée. Elle pourra redevenir un récit, une forme symbolique enracinée dans une histoire partagée, une foi commune sans dogmes, capable de parler aussi bien à l’agnostique qu’au croyant, à l’enfant d’immigré qu’à l’héritier de la vieille France.
La République n’est pas vide. Il faut juste l’habiter à nouveau



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