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Nos Ancêtres les Romains (de Gaule)

  • Luc Delmont
  • 12 déc. 2021
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 juin


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Nous l’avons vu dans les articles précédents, une grande partie du territoire Français a été occupé pendant plusieurs siècles, entre -800 et la conquête Romaine, par des peuples de cultures celtiques. Ainsi, par voie de conséquence, une partie du patrimoine génétique des français provient aussi de ces peuples originaires d’Europe centrale.


Peut-on pour autant faire comme s’il n’y avait pas eu d'autres cultures, d'autres peuples avant les celtes ? Doit-on vraiment penser que l'arrivée des Gaulois sur le territoire de ce qui deviendra la France aurait engagé un processus de « grand remplacement » des multiples populations pré-celtiques présentes sur ces terres depuis des millénaires ? et comment pouvons-nous nous permettre de définir une généalogie nationale sans prendre en compte les mouvements de populations qui se succéderont après Celtes et qui forgeront notre culture, nous lègueront les bases de notre langue, comme c'est le cas des Grecs ou des Romains, ou les structures politiques du pays comme c'est le cas de Francs, des Wisigoths ou des Burgondes ?


Alors, pourquoi s’identifier aux Celtes comme étant «nos ancêtres » ? Des ancêtres, nous en avons bien d'autres, présents depuis plus longtemps pour certains d'entre eux, ou ayant laissé une plus grande marque dans notre identité culturelle pour d'autres ?


Pourquoi, par exemple, ne pas s’identifier comme étant les descendants des peuples de premiers agriculteurs originaires du Proche-Orient qui ont supplanté les premiers Homos Sapiens Européens (Cro-Magnon) au néolithique ? Pourquoi ne pas s’identifier aux Ligures, que nous savons avoir été présents sur de grandes parties de notre territoire, peut-être même jusqu’à la Loire selon certains auteurs antiques. Pourquoi ne pas s’identifier aux Vascons, peuple proche des peuples ibériques occupant la Gascogne, les Pyrénées et faisant partie des peuples de Gaule n’ayant jamais été culturellement « celtisés », et nous ayant légué la plus ancienne langue encore existante sur notre sol, le Basque ?


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Les peuples du néolithique, venus de méditerranée il y a 7000 ans sont aussi « nos Ancêtres »,


Pourquoi devrait-on s’identifier exclusivement aux Gaulois Celtes ? Il semble en effet être quelque peu illusoire de chercher à tout prix à identifier à un unique « peuple ancestral fondateur » parmi les myriades de populations qui se sont succédées sur nos territoires depuis des millénaires.


Ce qui nous unit en tant que français, ce n’est donc pas d’être descendants des Celtes, ou d’un quelconque autre « peuple originel », quel qu’il soit, mais c’est d’avoir une culture commune. Et cette culture-là, elle nous vient en très grande majorité de la colonisation romaine, et non pas des Gaulois Celtes ni des Francs germaniques.


Ce qui unit le peuple Français est sa culture


Le peuple français est né de l’assimilation au creuset civilisationnel légué par les civilisations méditerranéennes : Grecque, puis Romaine.


Il est peut-être vrai que pour certains, ayant été élevés dans le mythe d’une France aux racines génétiques fondamentalement « Gauloises », l’idée que notre le ciment de notre identité soit de nature purement culturelle, et aucunement lié à une quelconque généalogie particulière puisse blesser une certaine forme d'orgueil national, d’autant plus que cette culture, originellement, ne provient pas de notre territoire actuel mais de celui de l’Italie.


Pourtant, quand on y pense, le fait de se rattacher à l’idée que la France serait d'une identité génétique « Celtique » ne tient pas longtemps, car les Celtes n'étaient pas plus un peuple "autochtone" que ne l'étaient les Romains, et n'ont fait qu'apporter une civilisation, une culture, sur des peuples présents bien longtemps avant eux. Celtes et Latins, de notre point de vue, ont autant été des peuples colonisateurs. L'idée véhiculée par l'imaginaire populaire que nous serions fondamentalement des Gaulois, peuple présent de tout éternité en lutte contre les envahisseurs Romain est une falsification historique. En fait, la seule différence était que la civilisation Romaine a culturellement supplanté la civilisation Celtique, et que notre langue ainsi de l'écrasante majorité de notre culture dérive de Rome, et non des Gaulois.


Affirmer le caractère latin de la France, ce n’est donc pas revendiquer un héritage génétique supposé être commun à l’ensemble des Français, mais reconnaitre une approche de l'identité fondée sur ce qui nous rassemble, c’est-à-dire notre langue et notre ancrage dans une civilisation aux racines méditerranéennes qui transcende les généalogies et les histoires familiales individuelles.


Que nous ayons plutôt des ancêtres Vascons, Ligures, Celtes, Germains, Berbères, Ibères, Brittoniques, Africains, Asiatiques ou Amérindiens… ou en général un mélange de tous ces composants initiaux, peu importe. Ce qui fait de nous des Français ne réside pas dans des gènes particuliers, mais dans notre culture commune, fille de la Romanité.


Alors, oui, soyons fiers de considérer les Romains comme nos ancêtres. Comme nous sommes tous des citoyens français aujourd’hui quelque soient nos origines. Les citoyens Romains étaient Romains, qu’ils soient descendants d’Ibères, de Gaulois, de Vascons, de Grecs, d’Etrusques, de Ligures ou de Germains… La latinité n’est pas attachée à une origine ethnique spécifique. C’est en ce sens que cette approche inclusive de l'identité collective peut être pertinente dans une France actuelle menacée par des tentations racialistes et communautaristes induites par l'importation d'une vision très anglo-saxonne de la société.


les Francs, l'histoire d'une assimilation


Le récit national tel qu’habituellement abordé, en plus de présenter les Gaulois comme nos ancêtres, fait généralement commencer l’histoire de France à l’arrivée des rois Francs en territoire Romain de Gaule du nord. Si cela a tout son sens d’un point de vue politique, les royaumes fondés par les Francs constituant la base de la structure politique qui allait plus tard donner son nom à notre pays, ceci est assez faux d’un point de vue culturel et civilisationnel.


le Rôle politique des Francs fut majeur, mais il fut assez faible en termes d'identité culturelle et négligeable en terme d'impact génétique. Les structures politiques ont souvent joué un rôle important dans l’ethnogénèse du pays, mais ce qui donne sa particularité, son âme au peuple c’est sa culture spécifique. Les Francs ont posé les bases dynastiques du pouvoir royal, mais ils l'ont fait sur une structure politico-culturelle Romaine préexistante, que les nouveau maîtres se sont appropriés. Les Francs, qui étaient déjà fortement imprégnés de culture et de civilisation Romaine avant même de prendre le contrôle du nord de la Gaule n’ont pas faire disparaitre l'identité latine, mais ce sont assimilés à elle.


La conversion de Clovis au catholicisme marque l’entrée des nouveaux royaumes dans la continuité directe de Rome, symboliquement, spirituellement et culturellement. L’entité politique du territoire a alors eu beau changer de nom, de limites ou de dirigeants, son identité romaine, elle, s'est poursuivie. Le peuple, quant à lui, même sous la domination d’une élite d’origine germanique a continué à vivre avec sa romanité, comme le confirment les descriptions de la société mérovingienne par Grégoire de Tours.


Si la France en tant qu'unité politique s’est bien forgée autour du bassin Parisien, les français en tant que peuple uni par une culture commune trouve ses racines en méditerranée. Le récit national tend souvent à occulter ce point, plus ou moins volontairement. Probablement parce que le pouvoir Mérovingien, puis la monarchie française lui faisant suite, se sont implanté au cœur de la moitié nord du pays. Ainsi, nos livres d’histoire, se focalisant sur les origines germaniques de l’aristocratie française ont souvent eu tendance à présenter la France comme un pays fondamentalement nord-Européen, qui aurait presque par accident « colonisé » les terres occitanes du sud.


En prenant du recul historique, et en regardant le récit national non pas du strict point de vue politique et féodal, mais du point de vue culturel, on se rend compte que s’est en fait l’exact inverse qui s’est produit depuis l’antiquité.


Le cœur culturel de la France se trouve en méditerranée


Comme nous l’avons vu dans le post précédent, les principaux apports civilisationnels ont généralement pénétré notre territoire depuis le sud. Que ce soit l’arrivée de la civilisation agricole du néolithique, l’implantation de la culture Hellénique ou la fondation des premières véritables villes par les Grecs, réparties sur le littoral méditerranéen cinq siècles avant le démarrage du processus de romanisation.


La première étape de romanisation des régions du littoral méditerranéen précède de plus d’un siècle la conquête du reste de ce que les Romains ont décidé d’appeler la Gaule. Dans cet espace méditerranéen ont été implantés les premières graines de ce qui allait devenir la civilisation française bien avant la « conquête des Gaules » par Jules César. Ce point est généralement mis de côté dans l’histoire officielle, en oubliant de dire que la conquête de la Gaule de -52 s’est essentiellement faite à partir de la Provincia Narbonensis (Provence et Languedoc) avec la participation active des peuples de Gaule déjà Romanisés de ces régions, ainsi que soutenu par des peuples Gaulois d’au-delà œuvrant en faveur de Rome.


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D’une certaine façon, ces régions du sud constituent le cœur culturel de notre nation. Le littoral méditerranéen ne devrait pas être pensé, comme cela est parfois le cas vu depuis Paris, comme une vaste zone de loisirs estivaux pour vacanciers nord-Européens en manque de soleil, mais comme le cœur historique de notre identité ; la base à partir de laquelle les prémisses de ce qui allait devenir la culture française se sont forgées, avant de s’étendre progressivement en direction du Nord, via la vallée du Rhône, et le couloir Aquitain.


C’est bien cette culture (gallo)romane originelle, qui est sortie de l’espace strictement méditerranéen pour s’exporter et prendre souche dans le nord de la Gaule et donner naissance à ce qui va ensuite évoluer vers « la France de langue d’oïl », et non l'inverse.


Durant le moyen-âge, la France s’est constituée de ces deux sous-ensembles linguistico-culturels : domaine d’oïl au nord et le domaine d’oc au sud. Ces ensembles ont marqué la structure linguistique de notre pays jusqu'au début du 20ème siècle.


Mais ne nous y trompons pas, ce ne sont pas que les terres méridionales qui ont des racines latines et méditerranéennes, mais bien tout l’ensemble du pays. Le domaine d’oïl, bien qu’étendu aux latitudes de l’Europe centrale et étant en contact avec les confins de l’Europe de langues germaniques, possède bien les mêmes racines culturelles romanes que la moitié sud, dite "occitane".


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De par sa géographie, mais aussi de par son architecture, ses accents ou les phénotypes de ses habitants, le nord de la France apparait parfois comme un territoire un peu à part au sein de l’Europe latine.


Les autres territoires, qu’ils soient dans la moitié sud de la France, dans la péninsule ibérique ou italienne sont généralement perçus, en partie à juste titre, comme possédant un caractère plus typiquement méditerranéen qui manque au nord de la France.


Cependant, ces différences d’apparence, d’ambiances, semblent en réalité d’une nature superficielle ne remettant pas en cause la nature romane du nord de la France. Des influences culturelles celtiques ou germaniques plus importantes donnent une coloration particulière aux cultures du nord de la France par rapport aux cultures plus méridionales, mais sans pour autant effacer leur lien avec la méditerranée.


La France est pleinement inscrite dans l'aire linguistico-culturelle romane


Ceci est d’autant plus vrai que dans les autres pays latins d’Europe il aussi existe des variations dans les façons d’habiter (différences d’architecture) et de parler (variabilité dialectale). Les autres pays latins ont eux aussi connu des invasions celtiques et des dominations féodales germaniques. La France n’est pas une exception. Toute l’Europe latine ne rentre pas nécessairement dans le stéréotype méditerranéen en sens strict du terme.

La Galice n’est pas l’Andalousie, le Piémont n’est pas la Sicile, tout comme la Normandie n’est pas le Languedoc ou la Picardie n’est pas la Corse. Pourtant toutes ces diversités régionales s’inscrivent dans un même continuum linguistico-culturel dans lequel les frontière politiques sont finalement assez arbitraires.


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Les cultures françaises s'inscrivent dans le continuum linguistico-culturel de l'Europe de langues Romanes


La langue est le premier élément fondateur de l’identité du peuple et vecteur des autres pans de son identité. Depuis le décret de Villers-Cotterêts, ce dialecte originaire de l’Ile-de-France est devenu la langue officielle de la monarchie, puis de la république française. En tant que dialecte de langue d’oïl, le Français est, comme toute langue latine, issue de l’évolution du latin, ou plus précisément du latin vulgaire parlé dans les provinces de l’empire.


Au premier abord, les langues d’oïl du nord de la France, dont le français fait partie, semblent se distinguer de leurs sœurs plus méridionales, par une phonologie plus emprunte d’influences Celtiques ou Germaniques.


Cependant, malgré ces différences phonologiques, l’identité linguistique de l’ensemble des langues d’oïl reste clairement romane. Le français et l’Italien possèdent un taux de similarité lexicale de 89%, ce qui est le plus haut taux observé entre les principales langues néo-latines (seul l’Espagnol et le Portugais présentent un taux comparable). D’une façon globale, et contrairement aux idées reçues, en termes de lexique et de grammaire, le français est significativement plus proche de l’italien (souvent regardé comme la langue romane la plus directement issue du latin vulgaire parlé dans l’empire romain) que ne l’est l’Espagnol.

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Par ailleurs, la France, ce n’est pas que la langue française, ni les langues d’oïl, c’est aussi, sur la moitié du territoire, une large déclinaison de dialectes et de langues romanes distinctes (sans parler des quelques langues non romanes comme le Basque, le Breton ou l’Alsacien) : langues d’oc (ou occitan) au sud et franco-provençal (ou arpitan) dans la région lyonnaise, Catalan autour de Perpignan et Corse dans l'Ile de Beauté.



Cet ensemble de langues et dialectes forment des transitions progressives vers les autres langues latines, vers le Catalan et le Castillan d’un côté, vers les dialectes d’Italie de l’autre, dans une logique de continuum linguistique. Bien que peu parlées aujourd’hui, l’existence de ces langues témoignent d’une richesse culturelle et d’une palette d’identités régionales sans ruptures au sein de l’Europe latine.


Les langues occitanes forment d’une certaine façon un pays en soit (40% du pays !), un chainon manquant, une zone de convergence linguistique entre le français, l’Espagnol et l’Italien. L'espace de la France méridionale constitue aussi la seule zone de rencontre géographique des trois principales nations latines : La France au nord, L'Italie à l'es et l'Espagne au sud.


La France possède la chance inestimable de posséder en son sein, en son cœur historique le centre de gravité de l’Europe latine. Or, depuis des décennies, nous n'osons plus regarder dans cette direction, car nous restons obnubilés par le fantasme d'un couple franco-Allemand qui n'existe que dans la tête de nos dirigeants. La France gagnerait à revaloriser son midi occitan, pour redonner au pays un rôle moteur au sein de cette Europe que depuis Paris, l'on considère trop souvent comme un espace périphérique…

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