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Non, les Français ne sont pas des Gaulois

  • Luc Delmont
  • 1 juil.
  • 4 min de lecture
Les Mégalithes, présents sur l'ensemble du territoire français nous rappelle les racines très anciennes du peuplement de la France : construits par des agriculteurs du néolithique en provenance du bassin méditerranéen plusieurs millénaires avant l'arrivée des Celtes sur le territoire
Les Mégalithes, présents sur l'ensemble du territoire français nous rappelle les racines très anciennes du peuplement de la France : construits par des agriculteurs du néolithique en provenance du bassin méditerranéen plusieurs millénaires avant l'arrivée des Celtes sur le territoire


Depuis plusieurs années, la question de l'identité française ressurgit avec force dans le débat public. Entre les discours identitaires qui sacralisent souvent une origine ethnique prétendument "pure" et les courants déconstructeurs qui vont jusqu'à nier l'existence d'une identité française continue, le citoyen sincère se retrouve souvent orphelin.


Et pourtant, il est possible d’adopter une lecture plus fidèle à l’histoire de notre pays et plus féconde pour l’avenir : celle d’une France comme civilisation forte et cohérente, fruit de sédimentations successives et d'assimilations et métissages anciens.



D'un côté un mythe persistant : les "Gaulois" comme peuple originel


L’idée que les Français descendraient des « Gaulois » constitue une simplification née d’une instrumentalisation historique. D'un arrêt à un temps donné de l'histoire.


Certes, les populations celtiques ont, à un moment donné, occupé une large partie du territoire que l’on appelle aujourd’hui la France. Mais elles étaient elles-mêmes issues de migrations indo-européennes antérieures. Elles ont cohabité avec des Ligures, des Ibères, des populations méditerranéennes déjà sur place avant eux. Et surtout, elles ont été conquises et profondément transformées par la romanisation, à partir du Ier siècle avant notre ère.


Les Gaulois ne furent donc ni les premiers, ni les seuls, ni les fondateurs. Ils furent une étape importante dans une chaîne complexe, mais certainement pas une origine absolue et définitive.



Rome, matrice de la France


La conquête romaine fut un moment de bascule. En quelques générations, les élites gauloises adoptèrent le latin, les institutions romaines, le mode de vie méditerranéen. La « Gaule romaine » devint l’un des joyaux de l’Empire. Elle donna des empereurs à Rome (Claude, Caracalla), des penseurs, des administrateurs. Et elle conserva cet héritage au-delà des effondrements politiques : le droit romain, la langue latine, le christianisme structuré par l’Église romaine ont constitué les fondations de la culture française médiévale.


La France ne naît pas d’un peuple, mais d’une civilisation transplantée, acclimatée, prolongée.



Des sédimentations humaines continues


Les Francs, peuple germanique, n’ont pas remplacé les Gallo-Romains : ils se sont romanisés à leur tour, adoptant le latin, le droit romain, la religion chrétienne. L’identité « franque » s’est superposée à l’identité gallo-romaine sans l’annihiler. Puis vinrent les apports normands, les échanges médiévaux avec l’Italie, l’Espagne, les Flandres, les migrations venues d’Arménie, de Pologne, d’Italie méridionale, de l’empire ottoman ou des colonies...


À chaque fois, ce qui fit « France », ce fut la capacité d’intégration par un socle commun : une langue, une mémoire, un projet collectif — bref, une culture latine transmise par l’école, l’État et la famille.



Pour une troisième voie


Rappeler que les Français ne descendent pas exclusivement des Gaulois ne vise ni à relativiser la spécificité française, ni à promouvoir un relativisme culturel.


Au contraire :


cela montre à quel point la France s’est construite par couches successives, intégrant des apports divers mais ordonnés dans une structure culturelle continue.


C’est précisément ce fil rouge, cette colonne vertébrale civilisationnelle, qui fait défaut à notre époque troublée, et que certains cherchent à déconstruire plus encore.


Aujourd’hui, deux visions dominent et s’affrontent, souvent de manière stérile :


  1. D’un côté, le multiculturalisme post-national, souvent défendu à gauche et à l’extrême gauche, et parfois même au "centre" qui va jusqu’à nier l’existence d’une culture française continue, au nom d’une coexistence de communautés irréconciliables ou d’un « monde d’après » désincarné.


  2. De l’autre, une vision ethno-essentialiste, historiquement portée par l’extrême droite, qui tend souvent à réduire la France à une identité génétique, à une origine biologique fantasmée, niant la richesse des apports successifs et les dynamiques d’intégration réussie.


Entre ces deux impasses, il existe une troisième voie : la voie de la continuité civilisationnelle.


Cette approche ne nie pas les origines diverses des Français d’aujourd’hui — au contraire, elle les honore dans leur capacité à se fondre dans un héritage commun. Elle rappelle que l’appartenance à la nation n’est pas une affaire de sang, mais d’adhésion à une culture façonnée par l’histoire : langue, droit, valeurs, mode de vie, mémoire commune.


Au cœur de cette continuité se trouve un creuset puissant : la latinité. Héritée de Rome, refaçonnée par le catholicisme, enrichie par la Renaissance, consolidée par la République, cette culture latine — avec sa langue, sa vision de l’homme, du temps, de l’État — est le socle sur lequel s’est bâtie la France.


Ce creuset latin a su intégrer, au fil des siècles, des Ibères, des Ligures, des Celtes, des Romains, des Francs, des Italiens, des Espagnols, des Polonais, des Juifs séfarades, des Berbères romanisés, et bien d’autres encore… tous devenus pleinement français, parce qu’ils ont su se raccrocher à l’arbre commun, sans renier leurs racines, mais en entrant dans une histoire plus vaste qu’eux-mêmes.


La latinité n’est donc pas une nostalgie, encore moins un repli identitaire "rabougri" comme certaines personnalités de la gauche radicale l'affirment. C’est un principe actif d’unité, une clé d’interprétation du monde, et un levier de transmission. Elle permet de repenser l’intégration sans céder ni au rejet, ni à l’effacement. Elle est le langage civilisationnel qui permet de faire France.


Ainsi, être Français aujourd’hui, ce n’est pas « avoir les bons ancêtres », mais choisir de s’inscrire dans cette histoire commune. C’est vouloir transmettre ce qui nous a été légué, pour que d’autres, demain, puissent l’embrasser à leur tour.


C’est cela, une nation vivante. Ce n'est pas un bloc figé dans le passé, ni une juxtaposition d’identités flottantes. Mais une continuité forte qui accueille, façonne, transmet et se régénère sans se renier.

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