Les vertus de la ville méditerranéenne
- Luc Delmont
- 9 déc. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin

Ville de Nice, ancienne Nikaia Grecque, Nicae/Cemelenum Romaine
Une urbanité méditerranéenne écologiquement et socialement vertueuse
Nous l’avons vu, les territoires de l’Europe Latine ont été forgés par plusieurs vagues de sédentarisation. Le mode de vie néolithique, marqué par la constitution des premiers villages permanents s’est développé dans toute l’Europe, mais plus précocement et avec une intensité plus importante dans la moitié sud et le centre du continent. Ensuite, l’urbanité méditerranéenne de l’antiquité s’est progressivement développée dans ce contexte à partir de la colonisation Grecque, dans le cours du 1er millénaire avant JC, déployant sur le territoire Français nos premières véritables villes dans le sens où nous l’entendons aujourd’hui : Massalia (Marseille), Antipolis (Antibes), Agathé (Agde), Nice (Nikaia).

La romanisation a poursuivi, en l’accentuant, le processus d’urbanisation du territoire de la Gaule Antique à partir des régions de l’ancienne Gaule Narbonnaise. A partie de là, se sont développées un siècle avant le reste du pays les premières villes construites sur le modèle Romain.
Au modèle d’occupation dominé par l’espace rural cultivé depuis le néolithique et poursuivi par les celtes, s’est superposé un modèle de civilisation urbaine typiquement méditerranéen dans toute la France, du sud vers le nord.
Alors que l’Europe du nord restait essentiellement structurée autour de petites collectivités rurales, en Gaule, la colonisation Grecque et Romaine ont importé partout sur notre territoire un modèle urbain mettant au cœur le principe d’articulation entre l’espace privé et l’espace principe d’espace public, aujourd’hui toujours au cœur de notre façon de concevoir la ville .
Plus qu’un modèle urbain, il s’agit d’un cadre social permettant l’expression d'une sociabilité particulière, déclinée autour de l’espace public (place, forum) et des équipements collectifs (thermes, forums, gymnases, cirques et arènes), lieux privilégiés de l'identité latine et de la citoyenneté Romaine.
La ville dense comme réponse aux problématiques d'étalement urbain
Plus tard, la chute de l’empire Romain s’est accompagnée par un fort repli du mode de vie urbain antique. Dans les anciens territoires fortement Romanisés, les villes n’ont cependant pas été totalement abandonnées, elles ce sont reconstruites sur elles-mêmes, s’appuyant sur les structures urbaines antiques. En Europe latine, les développements urbains du moyen âge à l’époque contemporaine se sont inscrits dans une logique de stratification urbaine historique.
Lorsque l’on observe la façon dont les villes nous apparaissent aujourd’hui entre l’Europe du nord et l’Europe du nord, il est clair que des caractéristiques distinctes les définissent. De par leur histoire urbaine souvent très ancienne, dans laquelle le tissu urbain s’est constitué autour d’un maillage serré et compact. Une forte densité bâtie, une petite taille des parcelles et des rues est une caractéristique des villes de l’Europe méditerranéennes.
Par ailleurs, dans les pays latins s’est reconstituée, depuis la renaissance, une approche sensible et composée de l’espace public urbain, pensé au-delà de ses pures fonctions de transit, comme une expression culturelle et architectural.


Un vocabulaire de formes urbaines s’est constitué, s’inscrivant plus ou moins consciemment dans la continuité de l’art urbain antique, principalement en Italie, avant d’essaimer en Espagne et en France : places composées de l’époque baroque, axes, perspectives, mails, cours du 18ème siècle, boulevards, ramblas du 19ème siècle.

Le rôle de l’espace public urbain comme vecteur de la vie sociale n’est pas limité aux pays latins d’Europe mais est fortement associé à ceux-ci. Ce n’est pas sans porter une certaine idée d’un art de vivre spécifique : culture des terrasses, cafés, marchés en plein air, évènements culturels, foires, tourisme. Plus que nulle part ailleurs, l’Europe latine porte dans la structure même de ses villes le cadre propice au développement d’une société d’échange et de partage.

Cette vision de la société urbaine compacte structurée autour de l’espace public se perd de plus en plus avec l’avènement de modes de vie plus individualistes. Ceci se traduisant notamment depuis l’après-guerre par le développement d'une certaine "culture suburbaine" portée par le rêve Américain , dans lequel les espaces de rencontre et de partage se limitent souvent aux centre commerciaux périphériques. Les habitants étant relégués dans d'interminables banlieues pavillonnaires sans âme grignotant sans cesse sur les territoires agricoles et sur les zones naturelles, rendant l'usage de la voiture individuelle indispensable.


Aujourd'hui, on l'on se donne comme prochain objectif le "zéro artificialisation nette" des sols, nous avons la chance de posséder dans notre culture urbanistique la boite à outil nécessaire pour poursuivre un modèle urbain plus respectueux de l'environnement et générant des modes de vie favorisant la cohésion nationale, le vivre-ensemble.




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