La France latine : une identité forte, inclusive, solidaire et écologique pour le XXIe siècle
- Luc Delmont
- il y a 2 jours
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Dernière mise à jour : il y a 10 heures

Le début de XXIe siècle est une période de bascule. Un temps d’urgences et de transformations vertigineuses. Perte des repères moraux, effondrement du sentiment d’identité, fragmentation de la société, solitude existentielle, destruction de la nature, délitement du lien social, emballement climatique... Ce ne sont pas des crises passagères. Ce sont les symptômes d’un monde qui a perdu son axe, son souffle, sa mémoire.
Et si, pour affronter ces défis, nous cessions de chercher au loin, dans le futur technologique idéalisé ou dans les modèles anglo-saxons présentés comme l’aboutissement de la modernite universelle. Si nous regardions ce que nous avons déjà ici, dans notre propre héritage, notre geographie et notre histoire. Et et notre civilisation latine, ce trésor que nous avons oublié, pouvait nous offrir une boussole pour l’avenir ?
Une latinité vivante, ouverte, inclusive — et non comme un imaginaire passé, figé ou nostalgique.
Je veux ici plaider pour une politique française enracinée dans la latinité. Pas comme ornement culturel, mais comme colonne vertébrale d’un projet de civilisation capable de répondre aux dangers majeurs de notre temps.
Retrouver des repères face à l’individualisme roi
Nous vivons dans une société qui doute de tout, sauf de l’ego. Mais l’individu, livré à lui-même, s’épuise. Il a besoin d’un horizon moral.La tradition catholique latine, humaniste et sociale, nous rappelle que l’homme n’est pas un atome libre, mais un être de devoirs, de responsabilités, de solidarité. Elle offre un cadre non pour contraindre, mais pour structurer : le bien commun, la dignité de la personne, la subsidiarité comme principe de juste proximité.
Retrouver notre identité culturelle face au vide mondialisé
Nous avons oublié que la France est une nation méditerranéenne. Notre langue, notre droit, notre art, notre urbanisme, nos paysages — tout vient de là. De Rome. De la Grèce. De la chrétienté. De la Renaissance. Redécouvrir la latinité, c’est reconnecter avec une culture ancrée, élégante, mesurée. C’est transmettre à nos enfants non pas une peur de l’autre, mais l’amour de soi — condition pour accueillir l’autre sans se dissoudre.
Refonder la cohésion sociale sur un socle partagé
La société française se fragmente. Les appartenances s’affrontent. L’intégration échoue. Pourquoi ? Parce que nous n’offrons plus de récit commun.Or, la latinité est un récit commun ancrée dans la mediterranée. Elle peut inclure aussi bien les enfants d’Europe du Sud que ceux du Maghreb. Elle parle à tous ceux qui partagent le goût de la mer, de la pierre, de la langue, de l’olivier, de la mémoire.C’est une identité ouverte, historique, géographique — non biologique. Une matrice partagée.
Rendre du sens à l’existence dans un monde technicisé
Ce siècle ne manque pas de confort. Il manque de sens. Nous avons troqué le sacré contre le futile, la beauté contre l’utile.Or la latinité, dans sa profondeur, unit la pensée grecque, le mystère chrétien, la sagesse romaine, l’éclat de la Renaissance. Elle propose une spiritualité équilibrée, à la fois enracinée et universelle, qui réconcilie l’homme avec l’invisible, avec la beauté, avec la mesure.
Repenser notre mode de vie dans un cadre écologique et durable
La crise climatique n’est pas une affaire technique : c’est une crise de civilisation. Et c’est une civilisation — mediterranéenne — qui peut y répondre. Par son urbanisme dense et piéton, ses villages structurés autour de l’espace public et du lieu de culte, ses rythmes naturels, sa cuisine locale, riche, frugale et joyeuse, la culture méditerranéenne est une écologie vécue depuis des millénaires. Elle enseigne la sobriété heureuse, l’usage plutôt que l’accumulation, la beauté du simple, l’amour du vivant.
Préserver la nature, retrouver le sens du lieu
Nos campagnes s’effondrent. Nos terroirs s’effacent. Nos espèces disparaissent. Mais les cultures latines, depuis l’Antiquité, ont su cohabiter avec leurs terroirs, leurs plantes, leurs saisons. La polyculture méditerranéenne, les circuits courts, l’agroécologie ancienne sont des modèles durables et fertiles, et non des archaïsmes.Redonner vie aux paysages, c’est redonner sens au peuple.
Vers une nouvelle renaissance française
La latinité ne sauvera pas le monde. Mais elle peut aider la France à retrouver le goût du monde, le goût du vrai, du beau, du juste.
Elle est notre héritage, mais peut aussi être la colonne vertébrale, l’âme de notre avenir — si nous savons le réinterpréter avec audace et fidélité. Face à l’hypermodernité déracinée, la France doit se penser non comme une start-up nation, mais comme une civilisation méditerranéenne en renaissance. Une nation qui se souvient de son ancrage millénaire pour mieux avancer. Une nation qui choisit la profondeur plutôt que la fuite en avant.
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