La France du sud : le cœur de l'Europe Romane
- Luc Delmont
- 11 déc. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin

Croix Occitane, symbole d'une aire culturelle historique située au cœur de l'Europe latine
Comme dans les autres pays latins d’Europe il aussi existe des variations régionales dans les façons d’habiter et de parler (variabilité dialectale). Comme la France, les autres pays latins ont eux aussi connu des invasions celtiques et des dominations féodales germaniques. La France n’est pas une exception. Toute l’Europe latine ne rentre pas nécessairement dans le stéréotype méditerranéen en sens strict du terme.
La Galice n’est pas l’Andalousie, le Piémont n’est pas la Sicile, tout comme la Normandie n’est pas le Languedoc ou la Picardie n’est pas la Corse. Pourtant toutes ces diversités régionales s’inscrivent dans un même continuum linguistico-culturel dans lequel les frontière politiques sont finalement assez arbitraires.

Les cultures françaises s'inscrivent dans le continuum linguistico-culturel de l'Europe de langues Romanes
Les langues sont est les premiers éléments fondateurs de l’identité du peuple et vecteur des autres pans de son identité. Depuis le décret de Villers-Cotterêts, le dialecte originaire de l’Ile-de-France est devenu la langue officielle de la monarchie, puis de la république française. En tant que dialecte de langue d’oïl, le Français est, comme toute langue latine, issue de l’évolution du latin, ou plus précisément du latin vulgaire parlé dans les provinces de l’empire.
Au premier abord, les langues d’oïl du nord de la France, dont le français fait partie, semblent se distinguer de leurs sœurs plus méridionales, par une phonologie plus emprunte d’influences Celtiques ou Germaniques.
Cependant, malgré ces différences phonologiques, l’identité linguistique de l’ensemble des langues d’oïl reste clairement romane. Le français et l’Italien possèdent un taux de similarité lexicale de 89%, ce qui est le plus haut taux observé entre les principales langues néo-latines (seul l’Espagnol et le Portugais présentent un taux comparable). D’une façon globale, et contrairement aux idées reçues, en termes de lexique et de grammaire, le français est significativement plus proche de l’italien (souvent regardé comme la langue romane la plus directement issue du latin vulgaire parlé dans l’empire romain) que ne l’est l’Espagnol.

Par ailleurs, la France, ce n’est pas que la langue française, ni les langues d’oïl, c’est aussi, sur la moitié du territoire, une large déclinaison de dialectes et de langues romanes distinctes (sans parler des quelques langues non romanes comme le Basque, le Breton ou l’Alsacien) : langues d’oc (ou occitan) au sud et franco-provençal (ou arpitan) dans la région lyonnaise, Catalan autour de Perpignan et Corse dans l'Ile de Beauté.
Cet ensemble de langues et dialectes forment des transitions progressives vers les autres langues latines, vers le Catalan et le Castillan d’un côté, vers les dialectes d’Italie de l’autre, dans une logique de continuum linguistique. Bien que peu parlées aujourd’hui, l’existence de ces langues témoignent d’une richesse culturelle et d’une palette d’identités régionales sans ruptures au sein de l’Europe latine.
Les langues occitanes forment d’une certaine façon un pays en soit (40% du pays !), un chainon manquant, une zone de convergence linguistique entre le français, l’Espagnol et l’Italien. L'espace de la France méridionale constitue aussi la seule zone de rencontre géographique des trois principales nations latines : La France au nord, L'Italie à l'es et l'Espagne au sud.
La France possède la chance inestimable de posséder en son sein, en son cœur historique le centre de gravité de l’Europe latine. Or, depuis des décennies, nous n'osons plus regarder dans cette direction, car nous restons obnubilés par le fantasme d'un couple franco-Allemand qui n'existe que dans la tête de nos dirigeants. La France gagnerait à revaloriser son midi occitan, pour redonner au pays un rôle moteur au sein de cette Europe que depuis Paris, l'on considère trop souvent comme un espace périphérique…



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