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Il ne peut pas y avoir de République contre le peuple historique

  • Luc Delmont
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

Depuis quelques années, une petite musique se fait entendre. Insidieuse, répétitive, elle s’infiltre dans les médias, les universités, les campagnes électorales. Elle ne tonne pas, elle insinue. Elle ne dit pas frontalement que le peuple français est illégitime sur son territoire historique — elle laisse entendre qu’il est dépassé, suspect, presque coupable.


Cette vision est largement influencée par une grille de lecture importée des États-Unis. Dans ce cadre d'opposition majorité/minorités, le "majoritaire" est assimilé à une figure de domination : les fameux WASP américain (White Anglo-Saxon Protestant), désigné comme l’archétype du pouvoir historique et racial. Mais transposer cette logique à la France est une erreur intellectuelle historique.


Le peuple français n’est en rien un équivalent, même lointain des « WASP » Américains, entité raciale d'origine implantée en Amérique par la colonisation Anglaise et l'immigration Nord Européenne / protestante.


Il n’est ni une race, ni une élite fermée, mais le produit d’une longue histoire d’assimilation de strates successives, qui a façonné une culture, une langue, un rapport au monde. Du Gaulois au Romain, du Franc à l’Arabe andalou, du Juif séfarade à l’Italien, du Polonais à l’Arménien, la France s’est construite non pas contre l’altérité, mais par l’assimilation réussie de celle-ci.


Le peuple français historique est donc le fruit d’un métissage civilisateur, structuré par la langue, la laïcité, l’école et la culture. Nier ce peuple, c’est refuser de comprendre ce qu’est la nation française. Ce n’est pas lui rendre justice que de l’assimiler à une “majorité blanche oppressive” ; c’est lui faire injure et le priver de sa propre richesse historique.


S'opposer au peuple historique c'est donc s'opposer à ce processus d'ouverture à "l'autre" et d'assimilation de ceux qui viennent d'ailleurs. La gauche qui pense ainsi trahit les populations d'origine immigrée qui lui ont fait confiance.

 


De la critique du passé à la délégitimation du présent


La critique de l’histoire coloniale, des discriminations, des angles morts de la République, est légitime. Mais un seuil a été franchi : celui où la critique devient négation, celui où l’histoire devient un prétexte pour récuser toute légitimité à la culture française elle-même.


Quand des personnalités publiques — parfois investies sur les listes électorales de partis républicains — déclarent qu’il ne faut pas dire “Vive la France”, ou que “la France n’est qu’un espace construit sur le viol et le pillage”, il ne s’agit plus de critique. Il s’agit d’un discours de rupture.


Quand, dans certaines universités, des enseignants ou des chercheurs expliquent devant des amphithéâtres que “la culture française blanche” est une “fiction oppressive”, ou que la laïcité est un “instrument du racisme d’État”, il ne s’agit plus de débat. Il s’agit de la lente désintégration du commun.


Et que dire quand des institutions, y compris subventionnées, promeuvent des ateliers “non mixtes” racisés, ou des conférences interdisant l’accès aux “personnes blanches” ? Cette “déconstruction”, devenue mot-valise, ne vise plus à comprendre : elle vise à délégitimer.

 


Le peuple français n’est pas une race. C’est une histoire


Dans ce climat, le “peuple français” est présenté comme une fiction raciale. Ceux qui s’en réclament sont soupçonnés de “blanchité inconsciente”, d’ethnocentrisme, voire de nostalgie coloniale. On en arrive à une situation absurde : la nation ne serait acceptable qu’en tant que lieu d’accueil, mais jamais en tant qu’héritage.


Or, le peuple français est tout sauf une “race” ou un groupe fermé. Il est le fruit de milliers d’années de métissages, d’assimilations, de recompositions. Les Gaulois, les Romains, les Francs, les Wisigoths, les Arabes d’Espagne, les Juifs séfarades, les Italiens, les Polonais, les Arméniens, les Vietnamiens, les Portugais — tous ont participé, à des époques différentes, à construire une réalité collective.


C’est cette réalité, faite de conflits et de synthèses, qui a donné naissance à la nation française moderne. Une réalité structurée par la langue, l’école, la laïcité, la justice, l’État. Une réalité toujours ouverte — mais toujours structurée.

 


Le ver est dans le fruit : quand les élites nourrissent la défiance


Ce n’est pas dans les quartiers ou dans les usines que ce discours se propage. Il prospère dans les amphis, dans certaines rédactions, dans les ONG, dans les colloques, chez les influenceurs médiatiques.


On y enseigne que “la République est un leurre pour masquer les rapports de domination”, que “la neutralité est une forme de violence blanche”, que “le roman national” est une construction impérialiste. Dans cette vision, la France n’est plus un projet partagé, mais un champ de ruines coloniales où chacun doit choisir son camp.


Quand des intellectuels diffusent l’idée selon laquelle la majorité dite “blanche” serait systématiquement privilégiée, et que sa position doit être repensée non comme une citoyenneté, mais comme une domination, ils ne dénoncent pas une injustice : ils fracturent la possibilité même d’un commun.


Ce n’est plus une République, c’est une société de castes inversées.

 


La trahison fatale : croire qu’on pourrait faire France sans les Français historiques, voire contre les eux


Les promoteurs de ce discours, souvent sincères, croient qu’ils œuvrent pour l’égalité. Mais en refusant d’enraciner cette égalité dans un cadre national partagé, ils la rendent impossible.


On n’intègre pas à vide. Il faut un cadre, un récit, une langue commune. Et ce cadre, c’est le peuple français — non comme entité figée, mais comme processus historique, fruit d’une assimilation réussie, d’une volonté de se projeter ensemble dans l’avenir.


Détruire ce socle au nom de la diversité, c’est remplacer une société par une collection de groupes concurrents, chacun en quête de reconnaissance particulière.

 


Ne pas opposer inclusion et héritage


Il ne s’agit pas de refuser les transformations démographiques, culturelles, religieuses. Il s’agit de rappeler qu’une société qui absorbe de nouveaux membres doit offrir un cadre clair.


L’exemple latino-américain — qu’on caricature trop souvent — montre qu’une identité nationale peut être métissée sans être divisée. La France, elle aussi, peut évoluer vers une forme d’identité “créolisée” ou enrichie — à condition de ne pas faire table rase. Car on ne crée pas du commun sans mémoire.

 


Conclusion : Sans peuple historique, pas de République possible


Aujourd’hui, défendre le peuple français, ce n’est pas être nostalgique, ou nationaliste. C’est être républicain. C’est comprendre que la démocratie ne peut fonctionner sans un corps politique légitime, une culture partagée, une confiance minimale dans l’histoire commune.


C’est rappeler que la France ne se sauvera pas contre les Français, mais avec eux. Et que ceux qui prétendent œuvrer pour la justice en opposant les minorités au peuple historique ne font que fracturer un peu plus la maison commune.


La gauche, si elle veut rester fidèle à elle-même, doit cesser de trahir le peuple. Et se souvenir que la République n’est pas une abstraction.

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