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Et si l’Union latine commençait par les régions ?

  • Luc Delmont
  • 8 juil.
  • 3 min de lecture

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Alors que l’Europe traverse une crise de sens, tiraillée entre technocratie bruxelloise, replis identitaires nationaux et délitement de ses idéaux fondateurs, une idée ancienne refait surface, avec une force nouvelle : celle d’une Union latine, fondée sur une histoire, une culture et une langue partagées par des millions d’Européens.


Mais plutôt que d’attendre que Paris, Rome, Madrid ou Lisbonne s’accordent dans l’abstraction des sommets diplomatiques, pourquoi ne pas faire surgir cette Union par la base, par les régions, là où les liens humains, culturels et économiques sont les plus concrets ?


Et si l’Occitanie et la Catalogne, deux territoires aux racines entremêlées, prenaient ensemble l’initiative d’une dynamique latine européenne, appelant à les rejoindre toutes les régions d’Europe de langue romane ?


L’Europe latine : un espace d’intérêts communs oublié


L’Europe latine, ce n’est pas un rêve nostalgique. C’est une réalité géographique, historique et culturelle, aujourd’hui sous-exploitée. De la Galice à la Ligurie, du Val d’Aoste à la Catalogne, du Languedoc à Lisbonne, des millions de citoyens partagent :


  • Des langues sœurs issues du latin (français, espagnol, catalan, occitan, portugais, italien, galicien, corse, sarde, etc.)

  • Un patrimoine culturel méditerranéen, humaniste et urbain, qu'il vaut mieux défendre ensemble plutôt que chacun séparément.

  • Des intérêts géopolitiques communs face aux grands enjeux de demain : gestion de l’eau, agriculture durable, immigration, tourisme, climat, énergie, etc.


Et pourtant, cette aire latine ne dispose d’aucune structure politique lui permettant de peser d’une voix unie dans l’Union européenne. Elle est éclatée, silencieuse, souvent reléguée.


Et si cette démarche était initiée par les régions ?


Plutôt que d'attendre un hypothétique sursaut des capitales nationales, une stratégie alternative, plus souple, plus rapide, plus concrète, est à portée de main : passer par les régions.


Pourquoi ? Parce que ce sont les régions qui vivent au quotidien les échanges culturels, économiques, linguistiques. Ce sont elles qui gèrent les transports, le tourisme, l’enseignement supérieur, les fonds européens. Et parce qu’elles peuvent coopérer sans passer par les lourdeurs diplomatiques d’État à État.


Prenez l’Occitanie et la Catalogne : elles partagent une langue historique (l’occitan), une frontière, des flux économiques, une complémentarité universitaire, et une longue tradition de coopération. Elles sont déjà membres de l’Euro-région Pyrénées-Méditerranée.


Il suffirait de lui donner un souffle politique nouveau, une vision à long terme, et d’en faire le noyau fondateur d’une Union latine des régions.



Une stratégie en 5 étapes


Créer un noyau opérationnel


Occitanie et Catalogne forment un groupement européen de coopération territoriale (EGTC) renforcé, avec un budget propre, un agenda partagé, et un siège politique symbolique à Toulouse par exemple, ou Barcelone.


Lancer des projets visibles


  • Pass ferroviaire transfrontalier (TER + Rodalies)

  • Festival culturel “Latitudes Latines” tournant chaque année

  • Plateforme trilingue tourisme et emploi

  • Fonds commun d’innovation (énergies vertes, agriculture durable, numérique)


Élargir progressivement


Andorre, Baléares, Valence, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Galice, Piémont, Toscane, Lisbonne… Peu à peu, les régions de langue romane rejoignent cette Alliance latine des régions, sous forme d’adhésion volontaire et collaborative


Institutionnaliser l’ensemble


Une Assemblée des Régions Latines, dotée d’un secrétariat permanent, d’un lobbying à Bruxelles, d’une représentation auprès du Comité des Régions et du Parlement européen.


Construire un marché commun sectoriel


Transport, culture, recherche, mobilité étudiante, mutualisation de certains services publics transfrontaliers. Et pourquoi pas demain, une carte vitale latine pour les travailleurs mobiles, ou un Visa Erasmus Latin ?



Une stratégie plus efficace que par les États ?


Soyons clairs : pour des avancées majeures (traités, douanes, fiscalité), l’appui des États sera nécessaire. Mais la voie régionale permet d’amorcer le mouvement, de démontrer par l’exemple, de fédérer progressivement les opinions publiques locales, là où l’attachement à l’identité latine est le plus vivant.


Elle évite les blocages diplomatiques. Elle contourne les méfiances centralistes. Elle crée un fait accompli coopératif, auquel les États auront intérêt à se rallier une fois qu’il aura prouvé son efficacité.


C’est la stratégie du petit pas structurant, du réalisme décentralisé, du long terme par le bas.


Une Europe plus humaine, plus en phase avec les aspirations des citoyens


Ce projet n’est pas un repli régional. C’est un élargissement intelligent du projet européen, à partir de ce qui fonctionne, de ce qui est ressenti, de ce qui est vécu. C’est une manière de redonner du sens à l’Europe, non pas en créant un énième super-État, mais en construisant des ponts entre peuples qui se ressemblent, qui s’aiment, qui coopèrent déjà.

L’Europe latine peut devenir une force de proposition face aux grands défis du XXIe siècle, à condition de se doter d’un espace politique propre, souple, pluraliste, ouvert.


Et cela pourrait commencer demain, par exemple, par une signature entre Toulouse et Barcelone.



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