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Comment sortir de la dépression collective : raviver la joie de vivre

  • Luc Delmont
  • 25 juil.
  • 6 min de lecture

 

Il flotte sur la France une atmosphère étrange. Une forme de lassitude collective, comme un brouillard moral qui affaiblit les élans, empêche de rêver, freine l’action. Pays de la révolution, de la littérature, de la gastronomie, du raffinement, la France semble avoir perdu quelque chose d’essentiel : la joie de vivre. Cette joie qui a longtemps fait partie de son ADN culturel, et qui, aujourd’hui, paraît enfouie sous des couches d’inquiétude, de cynisme et de divisions.


Et pourtant, rien n’est irréversible. Ce pays possède toutes les ressources pour se réconcilier avec lui-même. Mais pour cela, il faut commencer par regarder le malaise en face, avant de proposer une voie de renaissance.


Une voie enracinée dans ce qui fait le caractère unique de la culture française et méditerranéenne : la "joie de vivre" propre à un certain esprit latin français envié dans le monde.

 


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Un malaise français profond : radiographie d’un mal-être national


Une société sous tension psychologique

La France est l’un des pays où l’on consomme le plus d’antidépresseurs, de somnifères et d’anxiolytiques au monde.


  • Selon Santé publique France, 1 Français sur 5 prend régulièrement des médicaments psychotropes.

  • La consommation de psychotropes a bondi de près de 20 % depuis la pandémie.

  • Les jeunes, en particulier, expriment un mal-être massif : solitude, anxiété face à l’avenir, perte de repères.


    En parallèle, l’usage de drogues récréatives comme le cannabis et la cocaïne augmente, notamment dans les zones urbaines et les milieux festifs.


Ce n’est pas seulement un problème médical. C’est le reflet d’un effondrement de l’horizon collectif. Lorsqu’un pays ne se projette plus dans l’avenir, ses citoyens compensent par l’oubli ou l’anesthésie.

 



La dislocation du lien social


Autre symptôme : la solitude massive.


  • Plus de 7 millions de Français sont touchés par l’isolement relationnel, selon la Fondation de France.

  • Les repas en famille ou entre amis se raréfient. Les voisins se connaissent de moins en moins.

  • Le travail devient un lieu de souffrance ou de distance, les télétravailleurs vivent coupés de leur environnement humain.


Dans la rue, le regard se détourne. Dans les transports, les écouteurs remplacent la parole. Dans les villes, l’anonymat est la norme. La sociabilité française – ce plaisir de discuter au café, de débattre sur un banc, de rire dans les marchés – s’efface doucement au profit d’un modèle plus froid, plus nordique… mais sans en assumer les codes ni les avantages.

 

le métro : un des lieux ou les gens se croisent mais ne communiquent plus
le métro : un des lieux ou les gens se croisent mais ne communiquent plus


Une fragmentation identitaire inquiétante


Le vivre-ensemble est mis à rude épreuve. La société française semble de plus en plus segmentée en "tribus" rivales :


  • Militants politiques qui ne se parlent plus, mais s’accusent mutuellement de trahison ou d’arriération.

  • Groupes identitaires ou communautaires repliés sur eux-mêmes, parfois en opposition ouverte aux valeurs communes.

  • Milieux professionnels, culturels, médiatiques totalement déconnectés les uns des autres.


Les réseaux sociaux ont amplifié cette logique de polarisation permanente : plus on crie fort, plus on est entendu. Plus on simplifie, plus on est relayé.

 

Quand la polarisation politique extrême mène à la violence contre l'état ou les adversaires idéologiques
Quand la polarisation politique extrême mène à la violence contre l'état ou les adversaires idéologiques



Incivilités, violences et exaspération généralisée


Les actes de violence, verbale ou physique, explosent :


  • Incivilités dans les transports, agressions gratuites, harcèlement scolaire, violences dans les hôpitaux ou les écoles.

  • Record du nombre de plaintes pour "troubles du voisinage", "bruit", "menaces"...

  • Montée du sentiment d’insécurité, y compris dans les petites villes.


Les institutions de médiation (police, justice, école) sont dépassées ou désavouées. La violence est devenue un mode d’expression ordinaire, souvent parce que les autres canaux – dialogue, écoute, reconnaissance – ne fonctionnent plus.

 

l'explosion des tags sauvages dans la plupart des villes de France : un symptôme de malaise d'une certaine jeunesse nourrie de pessimisme
l'explosion des tags sauvages dans la plupart des villes de France : un symptôme de malaise d'une certaine jeunesse nourrie de pessimisme


Les quartiers populaires : entre relégation et culture du fatalisme


Dans de nombreuses zones urbaines, dites "sensibles", un cercle vicieux de négativité s’est installé depuis des décennies. Les habitants, souvent issus de l’immigration ou de milieux défavorisés, font face à une double peine :


  • D’un côté, une intégration freinée par la précarité, les discriminations à l’embauche, le manque d’accès à la culture ou à la mobilité.

  • De l’autre, un repli sur une "culture de ghetto", alimentée par certains codes musicaux, vestimentaires ou narratifs (rap ultra-violent, valorisation du clash, de l’argent facile, du rejet des institutions), qui transforme l’échec en norme et la marginalité en identité revendiquée.

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Cette culture — souvent très éloignée de la réalité vécue par la majorité des habitants — glorifie le rapport de force, l’opposition systématique à la société "extérieure", et présente l’intégration non comme une opportunité, mais comme une trahison. Résultat : une jeunesse qui se sent assignée à résidence, enfermée dans une vision tragique d’elle-même, entre rejet réel et auto-sabotage symbolique.


Ce climat alimente le ressentiment, la défiance, voire la haine. Et il affaiblit tous ceux, nombreux, qui aspirent à réussir, à s’en sortir, à contribuer positivement. Tant que cette spirale n’est pas rompue – ni par l’État, ni par les familles, ni par les figures culturelles – l’intégration restera une promesse inachevée, et le vivre-ensemble une illusion.

 

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Vers une renaissance ...


Alors que faire ? Comment enrayer cette spirale du ressentiment ? de la négativité

Sans être une promesse miraculeuse, une piste se dessine : revenir à ce qui a longtemps fait la force du modèle français et méditerranéen. Un art de vivre fondé sur le lien humain, la beauté, la parole, la fête, la chaleur.

 

Revivifier la convivialité


La convivialité, ce n’est pas un détail folklorique. C’est une colonne vertébrale culturelle. Dans le Sud, en Italie, en Espagne, en méditerranée en général, la rue est un théâtre, la table un lieu sacré, la conversation un sport national.


En France aussi, c’était le cas :

  • Les marchés animés, les repas de quartier, les apéros improvisés.

  • Les dîners où l’on refait le monde jusqu’à minuit.

  • Les bals populaires, les cafés où naissent les idées.

 

Redonner vie à ces lieux et moments, c’est restaurer la confiance de base entre les gens. C’est dans la proximité, le partage simple, que renaît la société.

 

Revaloriser le débat, la dialectique, l’esprit critique


L’esprit latin, c’est aussi le goût du verbe. Le sens de la joute oratoire, du débat intelligent, du désaccord fécond.


Or aujourd’hui, le débat est souvent perverti : hargneux, stérile, brutal.

 

Il faut retrouver le plaisir de penser ensemble, même en désaccord.


Cela passe par :

  • L’école : former à l’argumentation, à la rhétorique, à la nuance.

  • Les médias : sortir du clash pour revenir à des dialogues de fond.

  • La rue : recréer des lieux de parole libre, sans censure mais avec respect.

 

Retrouver le goût du beau, du vivant, du léger


La culture latine ne sépare jamais le fond de la forme.

Elle chérit la beauté, le sens du détail, l’élégance du geste.


La France a tout pour incarner cette esthétique joyeuse :

  • Ses paysages, ses villages, sa gastronomie, son cinéma.

  • Son amour des mots, des arts, des fêtes.


Réhabiliter la légèreté, ce n’est pas fuir les problèmes. C’est s’offrir des respirations collectives. On ne transforme pas une société uniquement avec des lois : il faut aussi des chansons, des pièces de théâtre, des repas en terrasse, des éclats de rire.

 

Réconcilier identité nationale et ouverture


Un autre enjeu majeur : redéfinir une identité nationale inclusive et désirable.

Trop souvent, l’identité française est présentée comme figée, rigide, défensive. À l’inverse, certains la nient complètement, prônant un "vivre côte à côte" sans socle commun.

Il est temps de proposer une troisième voie, ancrée dans la culture latine :


  • Une identité ouverte, mais enracinée : attachée à la langue, à l’histoire, aux valeurs républicaines.

  • Une assimilation joyeuse, non pas autoritaire, mais hospitalière : on ne renonce pas à soi, on s’enrichit de la France.

  • Un métissage culturel assumé : la France est méditerranéenne, africaine, européenne, caraïbéenne… Elle doit le vivre comme une force créative, pas comme une menace.

 

Cela peut être un contre-projet puissant et attractif face à l’enlisement dans la mondialisation néolibérale sans perspective collective :


  • Un art de vivre, plutôt qu’une société de marché.

  • Une culture de la parole, plutôt que de la vitesse.

  • Une communauté de destin, plutôt qu’un empilement d’individus sans liens.

 


Vers un sursaut joyeux !


Oui, la France traverse une période difficile. Mais non, tout n’est pas perdu. Sortir du marasme, ce n’est pas attendre le messie politique ou le retour d’un âge d’or. C’est choisir, dès maintenant, de réinjecter du sens, du lien et de la joie dans le quotidien.


Raviver l’esprit latin, ce n’est pas du passéisme. C’est une manière moderne, humaine et incarnée de réconcilier la France avec elle-même, avec ses habitants, anciens comme nouveaux, avec son territoire, ses mots, ses gestes.


Ce n’est pas naïf. C’est courageux. Et si le futur de la France passait non pas par plus de technologie, plus de normes ou plus de chiffres… mais aussi par plus de sens et d'identité positive permettant d'envisager l'avenir de façon optimiste.

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